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Rédaction Elbeuf

Publié le

23 juin 2025 à 21h16

Voilà bientôt 17 ans que le cabaret des Enfants Terribles rayonne autour d’Elbeuf (Seine-Maritime) et bien au-delà. Mais à l’époque, qui aurait pu parier sur le fait que qu’une vétuste bâtisse, successivement occupée par le Journal d’Elbeuf ou une pizzeria, deviendrait une référence dans le petit monde du divertissement en Normandie ?

Surtout, lorsque l’on sait que le cabaret se trouve au beau milieu d’un quartier populaire, pas forcément ouvert au départ à la culture du cabaret et du transformisme.

Du four à pizza à la scène

Après toutes ces années, William, plus connu sous les traits de son personnage Betty Balcon, apparaît comme l’un des symboles de cette réussite. Et il paraît encore lui-même surpris par ce succès, à quelques jours de fêter la 2000e représentation.

On se dit qu’on est sur la 17e année ! C’est quand même pas mal pour un cabaret transformiste à Elbeuf. C’était un sacré challenge de l’ouvrir dans une ancienne pizzeria. Qui l’eût cru ?

Betty Balcon, transformiste aux Enfants Terribles

Un sentiment partagé à l’identique par le magnétique Hubert, transformiste au perçant regard azuréen, présent aux Enfants Terribles depuis sa création. « Moi, je n’ai pas vu le temps passer. On ne réalise même pas que c’est la 2000e. Il y a une vraie fierté, c’est certain ! Je me revois encore performer au début, pas loin du four à pizza », se remémore-t-il ému.

Résister aux nouveautés

Depuis trois ans, il y a eu un changement sociologique notable, voire une certaine fascination pour l’art du « drag » et la scène underground des nuits parisiennes. Un engouement notamment porté par le phénomène télévisuel Ru Paul Drag Race, tout droit débarqué des États-Unis. Au point que certains, pétris de certitudes, prophétisaient le déclin des artistes transformistes. Grossière erreur de jugement !

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Car pendant que les audiences du programme s’effritent, l’art du transformisme, lui, semble bel et bien résister aux attraits de la nouveauté. « Avec tout le respect que nous avons pour les artistes Drag, ce n’est pas le même métier. Le transformiste va se présenter sur scène devant un public. Et le spectateur aura cette magie où pendant quelques minutes, il va voir un artiste qu’il admire et qu’il ne pourra pas voir d’aussi près. »

Le transformisme, un art noble

En réponse aux clichés tenaces encore fâcheusement accolés au métier de transformiste, les quatre artistes aux multiples talents l’imposent comme un art respectable et exigeant. Comme l’estime le talentueux Philippe, alias Golda Shower à la scène, une performance sur le plateau ne peut avoir de sens qu’à la condition d’éprouver de l’admiration à l’égard de la personnalité imitée.

C’est un énorme investissement sur tous les plans, mais quand on voit un artiste qu’on aime et qu’on admire, on le fait avec générosité. Il faut aimer la personne que l’on imite et surtout que ça vienne du cœur.

Golda Shower, transformiste aux Enfants Terribles

Car une fois dévêtus de leurs éclatants apparats de strass, de plumes et de paillettes, ces intransigeants performeurs sont toujours aussi touchés dès que leur performance est saluée par le public. Ce dernier, à coup sûr, saura leur rendre comme il se doit leur générosité lors de leur 2000e représentation, le samedi 28 juin 2025.

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