À Purpan, derrière l’école d’ingénieurs agronomes, un nouveau bâtiment sort de terre. Il comprendra deux amphithéâtres, quatre salles de TP et huit de cours, sur 2500 mètres carrés, soit un investissement de 8 millions d’euros pour améliorer « l’expérience étudiants ». Car leur nombre a bondi : de 900 élèves en 2019 à 1650 cette année. Le personnel a lui aussi doublé et, parmi les habitants de l’école, il ne faudrait pas oublier les génisses qui viennent désormais pâturer à Toulouse, petit échantillon visible du troupeau de vaches laitières domicilié à l’année dans l’exploitation agricole de Lamothe, au sud de la ville. Mais « l’école du vivant » a fini de grandir, du moins pour le moment. D’autres défis réclament toute son attention.

Un double-diplôme en germination

La désaffection des jeunes pour les matières scientifiques, conséquence des réformes Blanquer qui ont fait fondre les heures de sciences de la vie et de la Terre (SVT) au lycée, commence à se faire sentir : « Le rapport aux sciences se distend », observe Eric Latgé, directeur de l’EI Purpan, qui pointe une baisse des candidatures depuis deux ans et se pose la question de « renforcer la remise à niveau dans les sciences dures » au cours des premières années d’études. Pour autant, l’établissement centenaire n’a pas de difficultés à remplir ses classes et la motivation des étudiants – ou plutôt des étudiantes qui représentent 60 % des élèves – demeure intacte. « On a cette chance d’être un cursus porteur de sens. Les jeunes arrivent avec une sensibilité à la nature, à nous de leur faire découvrir nos filières, qui couvrent plus de 300 métiers », souligne le directeur. Il voit en chacun de ses étudiants un « potentiel germinatif » à développer, pour lui permettre de comprendre le monde et de mieux le façonner. En parallèle, l’école mise sur la recherche. Récemment devenu « établissement-composante » de l’Université de Toulouse (anciennement Paul-Sabatier), Purpan espère que ce rapprochement bénéficiera à ses soixante-quinze enseignants-chercheurs. « Cela va faciliter les échanges, créer de l’émulation et nous donner plus de poids pour aller chercher des financements », estime Eric Latgé.

Côté formation, un double-diplôme avec Sciences Po Toulouse est en préparation pour 2026, manière de « former les décideurs de demain aux sciences agricoles », alors que la souveraineté alimentaire et la transition écologique se placent au cœur des enjeux. « Il faut remettre l’agriculture au centre de la société, mais en s’appuyant sur d’autres ressorts que par le passé. Et puis, dans le contexte actuel, si on veut croire en l’avenir, on doit croire dans la formation », conclut philosophiquement le directeur.

Marie-Dominique Lacour

Sur la photo : Eric Latgé, directeur de l’EI Purpan. Photo Hélène Ressayres – ToulEmploi.