À l’occasion, des profils dénotent dans le quotidien du tribunal correctionnel d’Ajaccio et se glissent, presque par accident, dans le box des prévenus. La dégaine est mal assurée mais le discours se veut sincère.

La cinquantaine grisonnante, Pompée Andarelli, qui a été extrait de son box vitré pour s’expliquer devant ses juges, l’assure d’emblée : « Je n’ai jamais dit que j’étais fier de ce que j’avais fait, au contraire ».

« J’ai été contacté sur le réseau social Snapchat, et voilà »

Cet homme de 56 ans, arrêté le 17 juin sur la rocade d’Ajaccio et poursuivi devant le tribunal correctionnel d’Ajaccio, ce lundi 23 juin, pour trafic de stupéfiants a été condamné à 3 ans de prison ferme avec maintien en détention pour la vente de résine de cannabis et de cocaïne mais également pour la détention d’une arme prohibée et issue d’un vol, à son domicile.

Pompée Andarelli, dont la conduite suspecte avait attiré l’attention de la brigade anticriminalité, avait été arrêté en possession de plusieurs bombonnes de cocaïne, de la résine de cannabis et d’importantes sommes d’argent liquide dans son véhicule.

À l’issue de la perquisition réalisée à son domicile, ce sont près de 20 000 euros, au total, qui ont été récupérés par les enquêteurs.

Le prévenu n’est pas connu des autorités pour être un consommateur ou un vendeur de drogue. « Comment vous vous retrouvez là ? », interroge la présidente du tribunal, Madeleine Kovalevsky.

« J’ai été contacté sur le réseau social Snapchat, et voilà », livre le quinquagénaire avant de s’exprimer plus avant.

« J’ai eu une demande d’ami et je l’ai acceptée. C’était en octobre 2024. Après, j’ai voulu arrêter puis j’ai été recontacté en avril ou en mai », détaille-t-il.

Mais la présidente n’en démord pas : « Pourquoi vous ? ». À cette question, la présidente n’aura pas davantage d’explications, elle n’aura pas non plus l’identité des personnes qui ont contacté Pompée Andarelli pour assurer les livraisons de drogue dans le centre-ville d’Ajaccio.

« Placer au bon endroit le curseur de gravité ».

Le procureur Anthony Garcia, en dépit d’une certaine repentance de la part du prévenu, a requis une peine de 5 ans d’emprisonnement, avec maintien en détention, en rappelant, notamment : « Le coût social de la prise en charge des consommateurs de stupéfiants s’élève en France à 7,7 milliards d’euros. Et tous ces trafics participent à ce gouffre abyssal ».

Il indique également qu’en 2024, sur le territoire national, « 630 décès » ont été imputés à la consommation de drogues. Ce d’autant que ce dossier s’ajoute aux nombreux deals, mis au jour presque de manière hebdomadaire par les forces de l’ordre, dans le microcosme ajaccien.

Me Antoine Vinier-Orsetti, en défense, a pointé la « sévérité extrême de la peine requise », tout en invitant le tribunal à « placer au bon endroit le curseur de gravité ».