Savez-vous qui est Élise Voïart ? Son nom ne dit effectivement plus grand-chose aujourd’hui, et pourtant… Anne Élisabeth Petitpain, c’est son nom de jeune fille, est née à Nancy le 10 février 1786. Son père, Pierre Petitpain, est marchand cirier, c’est-à-dire qu’il vend cierges et bougies. Il est aussi organiste de la paroisse Saint-Sébastien où il décède jeune, le 10 juillet 1792. Il s’était marié en 1784 avec Marguerite Élisabeth Jeanmaire, fille de François, maître serrurier, élève de Jean Lamour et auteur de plusieurs grilles de chapelles de la cathédrale de Nancy.
La famille frôle l’inconfort financier et sa mère se remarie avec Claude Wouters, officiant dans le commerce du tabac. Anne Élisabeth, elle, obtient une pension de l’impératrice Joséphine, par l’entremise de Mgr d’Osmond, évêque de Nancy et épouse, sans doute en 1809 à Paris, Jacques Philippe Voïart, inspecteur des vivres de l’Armée, né à Metz et de trente ans son aîné. Ce dernier est veuf de Jeanne Amable Bouchotte, la sœur de Jean-Baptiste Bouchotte, militaire né lui aussi à Metz et qui fut ministre de la Guerre durant la Révolution.
Écrivaine et traductrice
De sa première union, Jacques Philippe Voïart avait eu plusieurs enfants, dont Amable Voïart, née à Metz en 1795, femme de lettres sous le nom d’Amable Tastu, après son union avec l’imprimeur Joseph Tastu. De son mariage avec Anne Élisabeth, il eut encore une fille, Caroline, née à Paris en 1816 et morte célibataire au 8 rue Isabey à Nancy en 1875.
Élise Voïart fut d’abord traductrice d’œuvres littéraires en langue allemande ou anglaise, dont le fameux Robinson suisse dont s’inspira la série Les Robinson suisses dans les années 1970. Elle publia aussi des dizaines de livres sur la condition féminine ou l’éducation des enfants. Elle connaît un véritable succès et est même primée par l’Académie française pour La Femme et les six amours. L’Académie de Stanislas, dont elle fit partie avec son mari à partir de 1839 comme membres associés correspondants, la compare, dans son écriture à Walter Scott. Elle est d’ailleurs, la première femme à être admise dans cette société savante.
Décès place Carrière
Son époux, lui aussi homme de lettres, est l’un des fondateurs de la Société linnéenne de Paris. C’est un proche de Rouget de Lisle, l ’auteur de la Marseillaise, né à Lons-le-Saunier dans le Jura en 1760. Âgé, malade et presque sans le sou, il fut accueilli par les Voïart. Élise lui prodigua soins et réconfort jusqu’à son décès, le 26 juin 1836, dans leur maison du 4 rue des Vertus à Choisy-le-Roi, aujourd’hui 6 rue Rouget de Lisle. Jacques Philippe Voïart, avec le général Blein, signèrent son acte de décès. Le corps de Rouget de Lisle a finalement été transféré, le 14 juillet 1915, aux Invalides, mais sa tombe à Choisy est toujours visible.
Au décès de son époux en 1842, Élise revient à Nancy où elle poursuit ses travaux d’écriture. Elle s’éteint au 49 place de la Carrière à Nancy le 21 janvier 1866. Son portrait, par Constance Mayer et celui de son mari, sont conservés au musée des Beaux-Arts de Nancy.