À l’automne, l’exposition « L’Empire du sommeil », au musée Marmottan Monet à Paris, explorera les mystères du sommeil et proposera un voyage artistique dans l’inconscient, du rêve à l’insomnie.

Nous passons le tiers de notre vie dans cet état second que nous appelons « sommeil », où l’on oscille entre rêve et inconscient. Du 9 octobre 2025 au 1er mars 2026, le musée Marmottan Monet, à Paris, explore ce motif central dans l’exposition « L’Empire du sommeil », placée sous le commissariat de Laura Bossi, neurologue et historienne des sciences, et Sylvie Carlier, directrice des collections du musée. L’innocence, le rêve, l’érotisme, l’ivresse… à travers plus de 100 œuvres, l’exposition interroge les différentes symboliques du sommeil.

Le sommeil : cette énigme

L’exposition se focalisera particulièrement sur les XIXe et XXe siècles, une période à laquelle les découvertes scientifiques, philosophiques ou encore psychanalytiques viennent modifier profondément les connaissances sur le sommeil. Les représentations propres à cette période dialogueront avec les questionnements et images qui traversent l’histoire des arts et des hommes, de l’Antiquité à l’époque contemporaine. Toutes témoignent de la permanence de l’aspect mystérieux et ambivalent du sommeil qui touche tour à tour à l’amour, à l’érotisme ou à la mort.

John Faed (1819-1902)Le rêve du poète 1881 - 1882, Huile sur toile, 104,7 x 142,9 cm, Edimbourg, Royal, Scottish Academy of Art & Architecture Collections (RSA) © The Royal Scottish Academy of Art & Architecture Collections

John Faed, Le rêve du poète 1881 – 1882, huile sur toile, 104,7 x 142,9 cm, Edimbourg, Royal, Scottish Academy of Art & Architecture Collections (RSA). Photo : © The Royal Scottish Academy of Art & Architecture Collections

Un repos bien mérité

Qui n’a pas déjà rêvé d’une sieste bien méritée au soleil ? Le sommeil peut donc être synonyme de plénitude et de tendresse. Une oeuvre présentée au sein de l’exposition « L’Empire du sommeil » traduit précisément cet aspect. Il s’agit d’un tableau Michaël Ancher (1849 1927), peintre danois associé aux peintres de Skagen, intitulé Repos de midi  et qui représente une jeune femme endormie paisiblement sur un banc. Le parcours illustrera, de Monet à Vuillard, cette allégorie du repos idéalisé dans l’art qui procure réconfort et consolation.

Michael Ancher (1849 1927) , Repos de midi,1890, Huile sur toile, 62 x 79 x 2,2 cm, Skagen, Art Museums of Skagen © Art Museums of Skagen

Michael Ancher, Repos de midi, 1890, huile sur toile, 62 x 79 x 2,2 cm, Skagen, Art Museums of Skagen. Photo : © Art Museums of Skagen

Les récits fondateurs

Les récits bibliques et mythologiques sont également fondateurs dans la construction de l’imaginaire du sommeil.  De la mythologie grecque qui fait de Thanatos, dieu de la mort, le frère jumeau d’Hypnos, dieu du sommeil,  à l’iconographie chrétienne dans laquelle le sommeil se révèle être une interface entre le divin et l’humain, les religions et leurs textes font généralement du sommeil une préfiguration de l’Au-delà. Pour explorer cette thématique, l’exposition mobilisera des œuvres de Rodin à Hodler.

Evelyn De Morgan (1855–1919), Nuit et Sommeil, 1878, Huile sur toile, 108,8 x 157,8 cm, Barnsley, De Morgan Foundation © Trustees of the De Morgan Foundation

Evelyn De Morgan, Nuit et Sommeil, 1878, huile sur toile, 108,8 x 157,8 cm, Barnsley, De Morgan Foundation. Photo : © Trustees of the De Morgan Foundation

« L’insomnie moderne »

Si le sommeil a longtemps été synonyme de quiétude et de repos éternel, le développement de la psychanalyse au XXe siècle est rapidement venu perturber cette vision paisible. Le rêve sera donc un autre thème central de l’exposition. État de semi-conscience, il offre un territoire d’exploration artistique aussi bien aux Symbolistes, comme Odilon Redon ou Klimt, qu’aux Surréalistes, Max Ernst et René Magritte en tête.

Maximilien Pirner (1854-1924), La Somnambule, 1878, Huile sur toile,157 × 87 cm, Prague, National Gallery © National Gallery Prague 2025

Maximilien Pirner, La Somnambule, 1878, huile sur toile,157 × 87 cm, Prague, National Gallery. Photo : © National Gallery Prague 2025

Le cauchemar, quant à lui, vient envahir les œuvres de Goya, Blake ou Füssli, faisant du sommeil un lieu d’angoisse et d’inquiétude. Les « sommeils artificiels », provoqués par l’alcool, l’hypnose ou les drogues, seront également évoqués.

Entre l’intime et le social

Enfin, suivant les mots de Marcel Proust dans Le côté de Guermantes : « On ne peut bien décrire la vie des hommes, si on ne la fait baigner dans le sommeil où elle plonge, et qui la nuit la contourne comme une presqu’île cernée par la mer », l’exposition s’intéressera aux lieux et accessoires du sommeil. La chambre à coucher, lieu du croisement de l’intime et du social, et tout particulièrement le lit, feront l’objet d’une section du parcours.

Félix Vallotton, Femme nue assise dans un fauteuil, 1897, huile sur carton marouflé sur contreplaqué, 28 x 27,5 cm, Grenoble, Musée de Grenoble. Photo : © Ville de Grenoble / Musée de Grenoble - J.L Lacroix

Félix Vallotton, Femme nue assise dans un fauteuil, 1897, huile sur carton marouflé sur contreplaqué, 28 x 27,5 cm, Grenoble, Musée de Grenoble. Photo : © Ville de Grenoble / Musée de Grenoble – J.L Lacroix

« L’Empire du sommeil »
Musée Marmottan Monet, 2 rue Louis Boilly, 75016, Paris
du 9 octobre 2025  au 1er mars 2026

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