«Attaque perfide », « attentat terroriste abject », tentative de « déstabiliser le pays »… Au lendemain de l’attentat suicide qui a fait au moins 22 morts dans une église chrétienne de Damas, en Syrie, l’horreur domine les réactions nationales et internationales. 20 Minutes fait le point sur ce que l’on sait de cette attaque, attribuée par les autorités syriennes à un combattant de Daesh.

Que s’est-il passé ?

L’attaque s’est déroulée dimanche dans le quartier de Dwelaa à Damas. Selon le ministère de l’Intérieur syrien, Anas Khattab, un « assaillant suicide affilié au groupe terroriste Daech est entré dans l’église Saint-Elie […], a ouvert le feu, et s’est fait exploser avec une ceinture explosive ».

Une version corroborée par plusieurs témoins interrogés par l’AFP. Sur place, des correspondants ont également vu les secouristes évacuer des victimes de l’église, où des débris de bois et des icônes étaient éparpillés au sol, couverts de sang. Un homme de 40 ans, prénommé Ziad, qui se trouvait dans un magasin en face de l’église, rapporte avoir entendu des coups de feu puis une explosion. « Nous avons vu du feu dans l’église et des morceaux de bancs en bois projetés jusqu’à l’entrée », a-t-il ajouté. L’explosion a provoqué la panique dans l’église remplie de fidèles, parmi lesquels des enfants et des personnes âgées, selon un témoin.

Le dernier bilan du ministère de la Santé, cité par l’agence de presse Sana, a été revu à la hausse et fait état d’au moins 22 morts et 63 blessés.

Qui est derrière cette attaque ?

Les autorités syriennes accusent l’auteur d’être un membre du groupe djihadiste Etat islamique (EI). D’après elles, plusieurs tentatives d’attentats du groupe djihadiste sunnite contre les communautés chrétienne et musulmane chiite ont déjà été déjouées.

En mai, les forces syriennes ont indiqué avoir arrêté des membres d’une cellule de l’EI près de Damas, accusés de préparer des attaques, tandis qu’une autre opération à Alep, dans le Nord, s’était soldée par la mort d’un agent de sécurité et de trois membres de l’organisation djihadiste.

Au début de la guerre civile syrienne, qui a éclaté en 2011, Daesh avait pris le contrôle de vastes zones entre les territoires syrien et irakien, proclamant la création d’un « califat » en 2014. Si ce dernier a été vaincu en 2019, les djihadistes ont maintenu une présence dans le pays, en particulier dans le désert.

Quelles sont les réactions ?

« Nous travaillerons jour et nuit pour arrêter tous ceux qui ont participé ou planifié ce crime odieux, et les traduire en justice afin qu’ils reçoivent la peine qu’ils méritent », a promis le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh. Et d’ajouter que l’attentat visant « des innocents en sécurité dans leurs lieux de culte nous rappelle l’importance de la solidarité et de l’unité – gouvernement et peuple – face à tout ce qui menace la sécurité et la stabilité de notre patrie ».

Le grand mufti de Syrie, Oussama al-Rifaï, a dit « rejeter totalement » toute attaque contre les lieux de culte, exprimant ses « plus sincères condoléances aux familles des victimes ».

A l’international, l’attentat a été condamné par de nombreux pays. L’Union européenne a dénoncé une attaque « odieuse et lâche contre des Chrétiens », tandis que l’émissaire de l’ONU pour la Syrie a exprimé son indignation, condamnant « avec la plus grande fermeté l’attaque terroriste contre l’église Saint-Élie ». L’émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack, a dénoncé de son côté « un acte de lâcheté » qui n’a pas sa place « dans la nouvelle société de tolérance et d’inclusion que les Syriens sont en train de tisser ».

« Nous ne permettrons jamais que la Syrie, pays voisin et frère, qui pour la première fois après des années d’oppression et de guerre envisage son avenir avec espoir, soit entraînée à nouveau dans l’instabilité par des groupes terroristes », a écrit sur X Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie, soutien des nouvelles autorités à Damas.

La France a de son côté condamné un « attentat terroriste abject » et rappelé « son engagement en faveur d’une transition en Syrie qui permette aux Syriens et aux Syriennes, quelle que soit leur confession, de vivre en paix et en sécurité dans une Syrie libre, unie, plurielle, prospère, stable et souveraine ». Emmanuel Macron a exprimé sur son compte X la « solidarité aux familles endeuillées et aux blessés ».

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Depuis la chute du président Bachar al-Assad, renversé en décembre par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par Ahmad al-Chareh, il s’agit du premier attentat de ce genre en Syrie.

Durant la période de guerre civile, des églises ont été endommagées et des attaques ont eu lieu près de lieux de culte chrétiens, mais aucun attentat suicide n’a été mené à l’intérieur d’une église, rappelle l’Observatoire syrien des droits de l’homme. De quoi placer sous pression les nouvelles autorités islamistes syriennes, sommées par la communauté internationale à protéger les minorités et à les inclure dans le processus de transition politique.

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Le patriarcat orthodoxe de Damas a exhorté le pouvoir en place à « assumer l’entière responsabilité » de l’attentat, les pressant d’assurer « l’inviolabilité des églises et la protection de tous les ressortissants » du pays.