Posted On 24 juin 2025
Le conseil municipal d’hier, qui s’est réunit pendant que les collectifs d’habitants et commerçants étaient à nouveau présents en nombre pour demander (sans succès) à être reçus par le Maire, a notamment eu à débattre de la trajectoire financière de la ville. Et elle confirme que sans changement aux prochaines élections municipales, la municipalité finira dans le mur.
V. FRISTOT (Verts/ADES) FAIT LA PROMOTION DE LA GESTION PIOLLISTE
Les chiffres du compte financier 2024 ont été présentés par l’adjoint Vincent Fristot (Verts/ADES). Sans surprise, le zélé Piolliste a commencé par un exposé dithyrambique expliquant que tout va bien dans la gestion financière de Grenoble (particulièrement pour l’éducation populaire, le sport et la culture !), parce que la ville aurait des « ratios favorables ». Soit le choix d’un indicateur en trompe-l-oeil puisque les ratios sont directement liés aux recettes fiscales élevées liées à la hausse massive d’impôts.
Un conseil à nouveau marqué par la mobilisation des habitants et commerçants méprisés par la municipalité.
LE CHOIX DE LA DETTE ET DE L’IMPÔT
L’opposition n’a pas mis longtemps à démonter la présentation de Fristot en rappelant en premier lieu que toute la construction budgétaire des Verts/LFI repose à la fois sur le matraquage fiscal et à la fois sur l’endettement permanent. Emilie Chalas (Renaissance) a ainsi pointé qu’il n’y a aucune stratégie de désendettement malgré la hausse d’impôts, et que les choix d’investissements alourdissent également les dépenses de fonctionnement (récurrentes chaque année). Un schéma qui deviendra vite intenable.
200 AGENTS DE PLUS EN 2 ANS : LES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT EXPLOSENT
Romain Gentil (Place Publique) a rappelé que ces dépenses de fonctionnement ont augmenté de 41 millions d’euros en 2 ans. Soit à peu près ce que rapporte la hausse de taxe foncière ! Tout ça notamment pour .. recruter 200 agents supplémentaires dans la même période. Les Verts/LFI ont cramé le gain des impôts et ce n’est pas comme si ces recrutements (souvent des chargés de « coordination », « d’étude »…) avaient amélioré le niveau de service aux Grenoblois.
H. SABRI (ex Verts/ADES) DÉMONTE LE « BOUCLIER SOCIAL ET CLIMATIQUE »
Hakim Sabri, désormais exclu des Verts/LFI après avoir été adjoint aux finances de 2014 à 2022, a mené une charge très précise contre ses anciens collègues. Il a rappelé que les ratios sont corrects car les Piollistes ont fait « le choix de la facilité » avec la hausse d’impôts qui fait de nous la première des grandes villes en la matière. Il a ensuite méthodiquement démonté la fable du « bouclier social et climatique » censée justifier cette augmentation.
Hakim Sabri hier en conseil municipal.
35 000 ÉLIGIBLES À LA « GRATUITÉ » DES TRANSPORTS : QUASI 0 DEMANDE !
En matière de mobilités, il a ainsi rappelé que la municipalité réalise moitié moins que ce qu’elle avait prévu dans le budget prévisionnel. Par exemple : sur 35 000 personnes éligibles à la gratuité des transports, le dispositif usine à gaz mis en place par les Verts/LFI pour en bénéficier conduit à… quasiment 0 demande en 2024 ! Pour le logement, c’est 4 fois moins d’investissement que ce qui était budgété. Dont 500 000 euros pour les personnes modestes : voilà pour ce qui est de la fibre sociale des Piollistes, à comparer aux 43 millions de recettes de la hausse de taxe foncière.
« UN VENT DE DÉGAGISME SOUFFLE SUR GRENOBLE »
La conclusion de l’ex adjoint aux finances a été sans concession : « ce compte financier est à l’image de votre second mandat : vous êtes défaillant (…) Vous ne dépensez pas ce que vous annoncez (…) votre bouclier social non concerté se résume à beaucoup de communication (…) la gestion du quotidien de la ville ne vous intéresse pas (…) votre défaillance alimente jour après jour un sentiment de défiance, et un vent de dégagisme souffle sur Grenoble ». Ça a le mérité d’être clair, et dit par un fin connaisseur des arcanes des deux mandats Piolle.
LA DETTE « PIOLLE-RUFFIN »…
Le Président du groupe d’opposition Alain Carignon a lui rappelé que le sujet, c’est « la dette Piolle-Ruffin » (en référence à Laurence Ruffin, la candidate que souhaite Piolle pour lui succéder) : « parce qu’Éric Piolle nous a expliqué lors des élections de 2020 qu’il ne répondait pas du bilan, qu’il lui fallait 12 ans. Et 12 ans plus tard, il nous annonce qu’il s’en va, qu’il n’est plus là, et qu’on met un nouveau visage pour continuer exactement la même politique. Donc, ce nouveau visage va devoir s’expliquer ».
Alain Carignon hier au conseil
… EST BIEN PLUS CONSÉQUENTE QUE LA SEULE DETTE DE LA VILLE
Au passage, il a démonté le mensonge habituel des Piollistes selon lequel la dette serait… sa faute, alors qu’il ne reste plus un centime de « dette Carignon » depuis 1999 tandis que le bilan Piolle-Ruffin nous engage quant à lui jusqu’en 2054 : « il faudra en répondre, car ce passif de gestion mène à emprunter toujours plus, et à augmenter sans cesse les dépenses de fonctionnement ».
À la dette du budget principal de la ville il faut en plus ajouter les 880 millions d’euros de dette de la Métropole, où les Piollistes sont dans la majorité depuis 2014, et l’ardoise de 600 millions qu’ils ont laissé au syndicat des transports sans prévoir les lourds investissements à venir. Ou encore les déficits des sociétés d’économie mixte d’aménagement, qui s’inscriront dans les budgets municipaux futurs. Mais tout cela ne figure pas au compte financier.
« LA PERSPECTIVE, C’EST LE MUR »
« La perspective grenobloise, c’est le mur. En 2024, les indicateurs se sont encore aggravés et vos projections montrent que cela va continuer. Cela confirme ce que nous disons depuis toujours : la hausse d’impôts de 30 % vous a permis d’aligner les dépenses sur les recettes. Mais les dépenses de fonctionnement poursuivent leur croissance, avec l’augmentation constante des effectifs municipaux… dans une ville où les services rendus aux habitants se restreignent de plus en plus ».
La trajectoire financière de la ville. La hausse d’impôts n’était qu’un « one shot » et ne résout la crise que temporairement puisque nous poursuivons dans la même direction
LES DISCOURS ET LES FAITS
Et de rappeler à quel point on peut se fier aux propos de l’adjoint aux finances lorsqu’il vante un budget ‘pour l’éducation populaire, la culture ou le sport », en citant le club de foot de l’AJA Villeneuve qui passe de 60 000 à 20 000 euros de subvention, le GF38 qui perd 150 000 euros, la régie de quartier Villeneuve–Village Olympique qui ne sait pas comment elle vivra après mars 2026, le festival Holocène qui a baissé le rideau en annonçant attendre une nouvelle municipalité, la Bobine qui a fermé ses portes, La Fabrique Opéra en dépôt de bilan, avec seulement 4000 euros d’aide de la Ville…
MUNICIPALES : CHOISIR LE MUR, OU LES RÉFORMES
Le candidat aux municipales a tracé les deux trajectoires que peut emprunter la ville selon ce que choisiront les Grenoblois aux prochaines élections :
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« Soit on continue droit dans le mur, en inventant sans cesse de nouvelles dépenses que nous ne pourrons pas financer car nous sommes incapables de financer les missions de base attendues par les grenoblois, et mécaniquement cette trajectoire conduit à l’impôt et à la dette ».
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« Soit on engage enfin les réformes que nous proposons depuis le début avec des fusions de services entre Ville et Métropole. Il faut concentrer, pour des raisons d’économies et d’efficacité. Ce n’est plus tenable d’avoir des services en doublon, ça complique la vie du citoyen, et coûte très cher. Il faut des budgets base zéro, par mission. Et à partir de là, construire une gouvernance cohérente Ville-Métropole. Aujourd’hui, nous avons environ 800 millions d’euros de fonctionnement cumulés. C’est là que se situe les sources d’économies ».
RÉÉLIRE LES VERTS/LFI, C’EST RÉ AUGMENTER LES IMPÔTS
« Ce débat entre les deux visions sera tranché par les Grenoblois en mars 2026 et c’est tant mieux : ils ont leur destin entre leurs mains. Si ils choisissent la continuité, comme en 2020, nous leur disons la vérité. Vous leur avez menti en promettant de ne pas augmenter les impôts, vous l’avez fait. En 2026, si rien ne change, il y aura une nouvelle augmentation massive d’impôts, car la trajectoire actuelle ne peut que conduire à cette solution » a conclu Alain Carignon.
S’ils choisissent de se mobiliser, les Grenoblois ont les clés pour changer de trajectoire.