Par

Emilie Salabelle

Publié le

24 juin 2025 à 6h46

C’est la pomme de discorde qui envenime les discussions et fait patiner l’avancée de la ZAC Bercy-Charenton, vaste projet urbain à cheval entre Paris et le Val-de-Marne, au niveau de l’inhospitalière porte de Bercy. Le prolongement piéton provisoire, prévu dans la continuité de la rue Baron-le-Roy jusqu’au boulevard Poniatowski, demandé de longue date par la Ville de Paris et attendu de pied ferme par les acteurs et usagers du tiers lieu Bercy-Encore (ex-Bercy Beaucoup), annoncé pour 2022/2023, n’a toujours pas vu le jour. Le blocage vient du côté de la SNCF, qui possède les terrains sur lequel est prévu le tracé, regrettent des élus parisiens.

« Un lieu de passage entre Paris et sa banlieue »

Lors du lancement officiel de la nouvelle friche festive et écolo Bercy-Encore, qui se situe à l’emplacement du futur parc imaginé pour la ZAC et doit en préfigurer les usages, Lamia El Aaraje, adjointe d’Anne Hidalgo en charge de l’urbanisme et du Grand Paris, a tenu à enfoncer le clou : « il faut qu’on avance sur cette question du cheminement provisoire », a-t-elle appelé à l’adresse de la SNCF. L’enjeu est de taille. Le futur quartier est aujourd’hui très enclavé, avec pour voisins immédiats des infrastructures lourdes de transports : voies ferrées, boulevard périphérique, échangeur de Bercy, A4, quai de Bercy…

Le tracé du cheminement provisoire attendu.
Le tracé du cheminement provisoire attendu. (©ES / actu Paris)

La ZAC doit répondre à cette problématique : « On veut en faire un lieu de passage métropolitain. La marque du périphérique doit être gommée, avec la création d’un lieu de passage entre Paris et sa banlieue », appelle l’adjointe.

« Un détour de 8,5 km »

Pour le moment, on en est encore loin. Au cœur de cet écosystème, le tiers-lieu actuel est difficilement accessible. « Aujourd’hui, il faut faire une boucle pour y accéder, il n’y a que deux accès, soit par le Cour Saint-Émilion, soit, côté Charenton, par qu’on appelle entre nous le » chemin coupe-gorge « parce qu’il est glauque. Mais il est très emprunté car c’est l’unique possibilité pour les PMR. » « Aujourd’hui, pour rejoindre Charenton à pied ou à vélo, il faut faire un détour de 8,5 km, dans des conditions qui ne sont pas adaptées » résume la maire (Écologiste) du 12e arrondissement, Emmanuelle Pierre-Marie.

Au total, ce sont « entre 1 000 et 1 500 personnes qui passent par là tous les jours », note Lamia El Aaraje. Et les besoins ne vont faire que grossir, avec l’arrivée, fin août, de la Bibliothèque publique d’information (BPI) du centre Pompidou, qui s’installera pour cinq ans avenue des Terroirs de France, en attendant les travaux en cours sur son site historique.

« Entre les mains de la SNCF »

Si les projets urbains de cette envergure s’inscrivent toujours dans « un temps extrêmement long », les délais de discussions s’allongent tout particulièrement lorsqu’il est question du fameux chemin piéton, confie Lamia El Aaraje à actu Paris. « La Ville de Paris est très en attente de ce cheminement. La ZAC n’existe que s’il y a un désenclavement de la zone, elle ne pourra pas avancer sans ce cheminement. On exige d’avancer sur ce sujet d’intérêt général. »

Les emprises de la SNCF nécessiteraient des aménagements et une réorganisation. Les discussions à ce sujet traînent depuis « des années », nous indique l’élue. « On a mis une équipe entière qui ne travaille que là-dessus. Ce n’est pas normal que ce soit si long. Aujourd’hui, c’est entre les mains de la SNCF », appelle-t-elle.

La maire d’arrondissement, Emmanuelle Pierre-Marie, ne dit pas autre chose face au projet qui, lancé en 2008, prend des airs de serpent de mer, après une copie corrigée en 2022, supprimant les tours et augmentant les espaces verts sous l’action des Écologistes. « Nous, on est prêt, le projet est prêt. On attend la SNCF ». Contactée, la SNCF n’a pas répondu à nos sollicitations.

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