Depuis quelques jours, les automobilistes français redoutent une hausse progressive du prix du gazole dans les stations-service. Une augmentation qui ne doit rien au hasard: elle s’inscrit dans le contexte géopolitique tendu, marqué par l’escalade du conflit entre Israël et l’Iran. Cette instabilité au Moyen-Orient, région stratégique pour l’approvisionnement mondial en pétrole, provoque une flambée des cours du brut sur les marchés internationaux. Une situation qui alimente l’inquiétude des conducteurs français, déjà fragilisés par l’inflation et le coût de la vie.
À la station-service TotalEnergies de Toulon, Céline fait partie de ces anxieux. La Toulonnaise, venue faire son plein, ne cache pas son agacement. » Depuis plus de 5 ans, on subit des augmentations sur le prix du carburant, ce n’est pas nouveau. Samedi, le gazole était à 1,56 euro. Aujourd’hui, il est à 1,75 euro. C’est du vol. On est vraiment pris pour des pigeons. »
Alors, pour anticiper, la quadragénaire n’hésitera pas à transgresser les règles. « Tout à l’heure, nous irons remplir des jerricans d’essence avec mon mari pour faire des réserves, au cas où. » Très pratique, mais non sans risque. Dans le principe, il est possible de stocker jusqu’à 20 litres d’essence, et de transporter jusqu’à cinq litres, maximum. Toutefois, la règle n’autorise pas les automobilistes à retirer cinq litres de carburant dans un bidon en prévision d’une pénurie. « Il faut contourner les règles? Ça m’est égal! Nous avions déjà fait de gros stocks par le passé, lors des précédentes pénuries. Dans notre maison, tout ce qui est interdit est meilleur « , soutient Céline.
« Je me suis dit que c’était le moment de venir faire le plein »
Même inquiétude du côté de Sophie, qui ne procède néanmoins pas de la même manière. « J’ai écouté les infos ce matin, et je me suis dit que c’était le moment de venir faire le plein, avant que la situation ne se dégrade encore plus. Je préfère anticiper. Par contre, je ne ferai pas de réserves, car si tout le monde agit comme ça, on ne s’en sortira pas. »
Romain, Parisien en vacances à Toulon, ne prévoit pas non plus de faire de réserves anticipées. Mais pour des raisons différentes: « Je suis commercial, c’est la société dans laquelle je travaille qui prend en charge la voiture ainsi que l’essence, via une carte Total. C’est ce qui fait que je ne ressens pas la hausse de la même manière que ceux qui payent de leur poche, et que je n’ai pas les mêmes craintes à ce niveau-là. Heureusement d’ailleurs, car je viens de payer 70 euros pour 39 litres, et avec ce qu’il se passe en ce moment au Moyen-Orient, ce n’est pas près de s’arranger! Si je n’avais pas la carte Total, je n’aurais pas de voiture, je ne sais pas comment font les autres », assure-t-il.
À l’intérieur de la station-service, Ambrine voit défiler les clients. Et constate: « Ils sont anxieux depuis ce matin. Ils parlent tous d’une hausse fulgurante à venir, ou d’une potentielle pénurie. Les plus soucieux, ce sont les personnes âgées. Un monsieur vient de me demander de faire 10 euros de gazole, c’est ce qui lui manquait pour avoir le plein dans sa voiture. Il craignait de ne plus pouvoir le faire par la suite. »