L’installation de la Gigafactory de Tesla à Grünheide, juste à côté de Berlin en Allemagne, fait couler beaucoup d’encre depuis que sa construction a démarré au premier trimestre 2020. Pour fabriquer des voitures électriques, il a fallu abattre environ 500.000 arbres sur une surface de 329 hectares. Même si le projet porte une idée nouvelle pour la mobilité électrique, il soulève de vives inquiétudes sur le plan environnemental et social.

Les débuts et la contestation

Implantée dans la région du Brandebourg, l’usine s’est installée sur une zone qui, autrefois, était une forêt dense capable de stocker jusqu’à 13.000 tonnes de CO2 par an. Pour ériger cette grande infrastructure industrielle, il a fallu couper une énorme quantité d’arbres, ce qui a mis le feu aux poudres chez les militants écologistes. Dès le lancement du projet, des milliers d’opposants, regroupés notamment au sein d’organisations comme Extinction Rebellion, se sont mobilisés pour le stopper.

En 2020, ces militants ont même squatté la forêt en construisant des cabanes dans les arbres. Plus récemment, en mars et en mai, des actions plus extrêmes, telles que la mise à feu d’un pylône électrique, ont temporairement stoppé la production.

Le bilan environnemental et l’effet dans les médias

Le débat sur les conséquences environnementales est animé par de multiples analyses et avis. Certains médias allemands, surtout ceux qui penchent à gauche, relativisent un peu la critique en rappelant que les pins abattus avaient été plantés après la Seconde Guerre mondiale pour fabriquer du papier. D’après le journal Der Freitag, ces pins sont particulièrement appréciés pour la fabrication de carton, grâce à leurs fibres longues.

Pour compenser ces dégâts sur la nature, Tesla s’est engagé à replanter des arbres dans une zone forestière mixte située à 60 km à l’est du site. Néanmoins, depuis le début des travaux, plusieurs incidents ont été signalés, comme des fuites de diesel, de peinture et d’aluminium.

Histoire économique et racines historiques

La région du Brandebourg est l’une des plus fragiles d’Allemagne économiquement parlant, ce qui accentue les défis économiques pour Tesla. En 2001, le constructeur automobile BMW avait d’ailleurs envisagé d’y installer une usine avec la promesse de créer 2.500 emplois. Finalement, c’est Tesla qui s’est emparé du terrain pour y développer ses ambitions industrielles.

Depuis que les premiers véhicules ont quitté l’usine en mars 2022, Elon Musk envisage déjà d’agrandir le site pour doubler la production annuelle et atteindre un million de voitures électriques, malgré la baisse des ventes en Allemagne.

Polémiques qui s’enveniment

Les plans d’extension ont encore attisé les débats. Plusieurs associations écologiques ne cessent de s’inquiéter des retombées potentielles pour la nature. Karolina Drzewo, membre active du collectif Turn Off Tesla’s Tap, n’hésite pas à dénoncer les dégâts causés par la production industrielle sur l’environnement local.

Même Elon Musk a pointé du doigt ce qu’il considère comme une attitude trop conciliante des forces de l’ordre face aux manifestants opposés au projet. Antoine Halff, analyste chez Kayrros, rappelle que le rasage d’arbres à grande échelle entraîne des coûts écologiques considérables.