Aucune aide américaine ?
Si la Russie envahit militairement les pays baltes, membres de l’OTAN, les États-Unis doivent en principe appliquer l’article 5 de l’organisation intergouvernementale. « Il stipule que si un pays de l’OTAN est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué », définit l’OTAN. Mais Donald Trump, en route pour La Haye afin d’assister à un sommet de l’alliance atlantique, reste ambiguë sur la disposition de son pays à l’appliquer. « Cela dépend de votre définition. Il y a plusieurs façons de définir l’article 5 », nuance le président, interrogé à ce sujet. Bloomberg projette, de manière fictive, à ce que le président se dédouane de toute intervention, se contentant simplement d’appeler « à la paix et non à la guerre » ou exhortant l’Europe à « négocier avec Vladimir ».
Imaginons que l’Europe doit défendre l’intégrité de son territoire sans l’aide directe américaine. Il est très probable que les pays comme la Suède, la Finlande, la Norvège ou encore la Pologne envoient directement des aides aux pays baltes, qui seraient certainement les premiers visés comme étant des États ex-membres de l’URSS. Ces pays verront dans les actions russes une menace existentielle pour la sécurité européenne et un risque qu’ils puissent être la prochaine cible de la Russie, après l’Ukraine.
« Les ports clés seraient fermés et le commerce en mer Baltique s’arrêterait. Les marchés plongeraient. Les deux parties s’engageraient probablement dans des opérations hybrides, y compris contre les câbles sous-marins et les infrastructures énergétiques », anticipe encore le média américain. Une telle situation mènerait à une chute des PIB des pays baltes estimée à -43,4 %, contre -1,2 % pour l’Europe et -0,2 % pour le Royaume-Uni. L’économie russe, pour sa part, subirait une perte de 1 %, un coup relativement mineur car les sanctions existantes (à cause de la guerre en Ukraine, NdlR) l’ont isolée de la pression extérieure et ses dépenses de défense plus élevées créent un mirage de santé économique.
La chute estimée du PIB mondial de 1,3 % sur la première année de conflit serait néanmoins un sacré coup à l’économie mondiale. Cela comprendrait des coûts liés à la production perdue dans la zone de conflit, les retombées sur les chaînes d’approvisionnement européennes, la réduction des exportations russes de pétrole et de gaz, les dépenses de défense européennes plus élevées et l’incertitude accrue à l’échelle mondiale.
L’Europe et la Turquie (également membre de l’OTAN) réunissent près de 1,9 million de forces militaires actives alors prêtes à entrer dans le conflit. En ce compris les armées de l’Air, de Terre, la Marine et les autres forces comme dans le cyber. La Russie en compte, elle, 1,1 million, et son allié biélorusse 48 600, estime encore le média.
Les pays disposant de l’arme nucléaire, à savoir la France et le Royaume-Uni en Europe, seraient prudents quant à leur utilisation. Redoutant une escalade nucléaire, ils ne se risqueraient alors pas à attaquer la Russie sur ce front, selon le scénario de Bloomberg. Les pays baltes, eux, pourraient aller jusqu’à ignorer totalement la dissuasion nucléaire russe, tellement ils sont « habitués aux menaces de Poutine ».
Les projections d’une « troisième guerre mondiale » restent néanmoins « rassurantes ». Un tel conflit, selon Bloomberg, ne devrait pas s’éterniser. « De nombreux responsables occidentaux estiment qu’aucune des parties n’a les ressources nécessaires pour réaliser une percée décisive et gagner la guerre directement, de sorte que le conflit devra finalement se terminer par un règlement négocié », projette-t-il.