Branle-bas de combat chez Orange. Le géant français des télécoms veut réorganiser ses équipes dans l’Hexagone. Une petite révolution interne, dont les grandes lignes figurent dans un document dévoilé par Le Monde et dont Le Télégramme a eu copie. Transmis la semaine dernière aux représentants du personnel, ce plan, baptisé Regain, doit être présenté par la direction, jeudi 3 juillet, lors d’une réunion du comité social et économique central (CSEC). Une date confirmée par l’état-major d’Orange, qui préfère « s’abstenir de tout commentaire », « dans le respect du dialogue social ».

Encore au stade de « réflexions », avec toutefois une date de mise en œuvre fixée au 1er janvier 2026, le plan Regain ambitionne de « préparer Orange France à faire face aux évolutions du marché et simplifier ses modes de fonctionnement ». En creux : la volonté de gagner en efficacité et d’améliorer les marges, cheval de bataille de la grande patronne, Christel Heydemann.

Bretagne et Pays de la Loire, Normandie et Centre-Val de Loire

Selon le document, les changements à venir s’appliqueront à douze des 17 directions de l’entité Orange France, qui emploie plus de 40 000 salariés dédiés aux activités grand public (réseaux de boutiques, centres d’appels, interventions clients…). « L’idée est de renforcer et de créer, à Paris, des directions métiers nationales qui chapeauteraient ce qui est, aujourd’hui, géré en local par les directions régionales », explique une source salariée.

Les directions régionales continueraient d’avoir les coudées franches sur « les fonctions les plus adhérentes au terrain » (comme les relations avec les collectivités) et passeraient de cinq à neuf, pour « renforcer la proximité territoriale ». La direction Grand-ouest, et ses 15 000 salariés, par exemple, serait scindée en deux, avec Bretagne et Pays de la Loire d’un côté, gérés à Rennes, et Normandie et Centre-Val de Loire de l’autre, avec potentiellement Orléans comme port d’attache.

Questions

Aux yeux d’Orange, faire évoluer la structure est nécessaire, sur un marché où la croissance tourne au ralenti, où la concurrence sur les prix est rude et où les cartes pourraient être rebattues en cas de vente de SFR, lourdement endetté. Malgré le grand chambardement à venir, le groupe se veut rassurant : aucune suppression de postes n’est prévue.

Les syndicats, eux, sont moins enthousiastes. À la CFE-CGC, Sébastien Crozier voit dans la réorganisation un moyen de « réduire les coûts » et de remettre en question les directions régionales, « en centralisant les décisions ». « Des centres de pilotage comme Rennes vont être touchés de plein fouet », prévient le syndicaliste, pour qui l’architecture proposée « ne fonctionnera pas ».

Pour Olivier Berducou, de la CFDT, il est un peu tôt pour agiter le chiffon rouge. « Nous avons beaucoup de questions, souligne le délégué syndical. Certaines choses paraissent antinomiques. Il faudra voir l’organisation cible et où seront vraiment les centres de décision, pour comprendre la portée de la réorganisation régionalement. »