Un moustique tigre, vecteur du ChikungunyaLe moustique-tigre est le principal vecteur du virus du chikungunya, l’une des maladies tropicales dont il favorise l’émergence en France métropolitaine. © Jcom / Freepik

Depuis le début du mois, le nombre de cas dits autochtones de chikungunya est en hausse sur le sol métropolitain. L’arrivée de la saison estivale, concomitante à une propagation accrue du moustique Aedes albopictus, a favorisé l’émergence de cas autochtones de chikungunya, c’est-à-dire des contaminations sur le territoire national, sans lien avec un voyage en zone tropicale.

Des premiers cas validés dans le Var (11 juin) et l’Hérault (16 juin) ont été suivis par une forte suspicion dans la Drôme, confirmée ce 24 juin par l’Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes, puis l’annonce de deux nouveaux cas en Corse-du-Sud. Autant d’éléments qui bousculent notre vigilance collective.

Premiers cas autochtones en métropole cette année

L’apparition de cas locaux dans le Var et l’Hérault n’était pas anodine : après avoir constaté un nombre important de cas importés (issus de voyageurs revenus des zones touchées par l’épidémie), il suffisait d’un moustique tigre infecté pour déclencher une contamination locale. La situation s’est confirmée assez vite, marquant un signal d’alerte pour les autorités sanitaires.

Le 16 juin, une suspicion de transmission locale a émergé autour de Montoison (Drôme) : une personne, jamais sortie de France, aurait contracté le virus par un moustique infecté par un voyageur. Rapidement, les autorités sanitaires ont déclenché une démoustication ciblée entre le 23 et 24 juin, une enquête épidémiologique et une information des habitants afin d’empêcher toute extension. “Les résultats définitifs ont été confirmés par le Centre National de Référence des Arbovirius (CNR) le 24 juin”, a annoncé l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes ce mardi 24 juin. Autrement dit, il s’agit bien d’un cas autochtone de chikungunya.

Ce même mardi 24 juin, l’Agence régionale de santé (ARS) de Corse annonce deux cas autochtones de chikungunya intrafamiliaux à Grosseto-Prugna (Corse-du-Sud). Les personnes concernées n’ont jamais voyagé hors de métropole, confirmant une transmission locale . L’état de santé des cas n’est pas jugé inquiétant, précise l’ARS, qui a déclenché immédiatement les mesures de démoustication pour éviter de nouvelles contaminations.

Pourquoi ces cas surviennent-ils cet été ?

Plusieurs facteurs expliquent la survenue de cas autochtones cette année. D’abord, la chaleur persistante en métropole favorise l’activité du moustique tigre, principal vecteur du virus. Ensuite, le nombre élevé de cas importés – 583 entre le 1er mai et le 17 juin – augmente les risques de transmission locale si un moustique pique une personne infectée. Enfin, la souche actuellement en circulation, notamment à La Réunion, s’est bien adaptée au moustique Aedes albopictus présent en France, facilitant ainsi la propagation du chikungunya.

Quels sont les symptômes du chikungunya ?

Le chikungunya se manifeste par une fièvre brutale, des douleurs articulaires intenses, parfois des éruptions, maux de tête ou conjonctivite. Si la plupart des cas évoluent favorablement au bout de quelques semaines, des douleurs chroniques peuvent persister, notamment chez les personnes âgées ou fragiles. Les infections peuvent aussi s’avérer sérieuses chez les nourrissons, personnes immunodéprimées ou atteintes de maladies chroniques.

Faut-il s’inquiéter d’une épidémie durable en métropole ?

Si la multiplication des cas autochtones pourrait faire craindre une endémisation, des freins naturels restent en place : les opérations de démoustication et de recherche active limitent efficacement la dissémination. Les moustiques tigres sont saisonniers, leur densité décline à l’automne. Enfin, le chikungunya est une maladie à cycle court et localisé, en l’absence d’un réservoir animal durable en Europe.

Interrogé dans les colonnes du Magazine Ma Santé, l’infectiologue grenoblois Olivier Épaulard se veut rassurant quand au risque épidémique. Tout en incitant à ne pas verser dans la psychose, le professeur de maladies infectieuses au CHU de Grenoble n’écartait pas, pour autant, l’amplification d’un tel scénario à l’avenir.

Le réchauffement climatique, l’urbanisation et la circulation internationale augmentent en effet les conditions d’installation du virus. Il est donc primordial de maintenir une vigilance élevée.

À SAVOIR

Pour se protéger du chikungunya, et surtout de son vecteur, le pmoustique-tigre, il est conseillé de supprimer les eaux stagnantes autour de chez soi, de porter des vêtements couvrants et d’utiliser un répulsif, surtout le matin et en soirée. En cas de fièvre ou de douleurs articulaires, une consultation rapide est recommandée. Restez aussi attentif aux alertes des ARS et de Santé publique France.

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