Joel Meyerowitz raconte l’Amérique en 10 photographies, de New York à Miami
« Les road trips, avec leurs promesses d’inattendu, nous délivrent de la familiarité du quotidien. Ils nous guident vers l’inconnu, tout en nous plongeant dans la nostalgie. La route se défait constamment derrière nous. Les paysages qui défilent par la fenêtre – ces éclairs d’immédiateté qui passent à 100 kilomètres à l’heure – sont souvent si nets qu’ils pénètrent notre conscience et créent des souvenirs étonnamment profonds. J’ai effectué de nombreux périples en Amérique, en Europe, en Chine, au Maroc, au Mexique et dans d’autres pays encore. Chaque voyage a laissé une empreinte si profonde en moi qu’en regardant les photos, je me souviens immédiatement de l’endroit où j’étais et de ce que j’ai ressenti sur le moment, il y a des années de cela. Les clichés présentés ici témoignent des différentes orbites que j’ai parcourues au cours de mes aventures itinérantes. »
« Qu’est-ce qui pousse les concepteurs de piscines à rechercher des formes et des motifs bizarres ? En tout cas, je les remercie de m’avoir donné tant de récompenses visuelles dans ce “jeu de la vue” auquel je m’adonne tous les jours. »
« J’ai vu un panneau indiquant que l’African Safari Adventure venait d’ouvrir ses portes non loin de Disneyland, et mon instinct m’a dit de m’y rendre immédiatement. Par chance, il n’était pas encore totalement ouvert au public. On m’a invité à l’intérieur et la première chose que j’ai vue, c’est cette image surréaliste du lion et de la touriste. Un peu plus tard, l’animal a grimpé sur le capot, puis sur le toit. »
« Je suis sûr qu’il nous est déjà tous arrivé de voir quelque chose de délicieux et d’en avoir l’eau à la bouche, comme ces milkshakes froids lors d’une chaude journée en Floride. J’ai sauté de ma voiture, traversé le terrain en courant et pris ce que je considère comme un cliché américain classique : des enfants à l’arrière d’une voiture, des milkshakes sur un plateau et des hamburgers dans le ventre. »
« Je venais de tourner au coin de Christopher Street, inhabituellement calme, dans Greenwich Village, lorsque j’ai vu ce type fanfaronner devant son reflet dans la vitrine. Il pirouettait, sautait, se pavanait et s’élançait, avec son pantalon qui glissait. Mais ce qui a ensuite attiré mon attention (je regarde toujours de près et de loin), c’est la boutique de chocolat au bout du pâté de maisons. Il fallait absolument que je prenne la (les) photo(s) ! »
« Je conduis toujours avec un appareil photo sur les genoux, et ce depuis mon premier voyage, en 1964. On ne sait jamais quelle image inhabituelle peut surgir à toute vitesse, comme cette voiture couverte de fleurs et ce T rouge géant en arrière plan. A-t-elle un sens ? Peut-être seulement un “sens visuel”. »
« En traversant Miami Beach, j’ai aperçu deux hommes qui regardaient des poissons exposés dans une vitrine en plein air. Je me suis donc approché et, là, assise sur un banc, une femme s’extasiait devant un bébé. Tout ce petit monde – les hommes et les poissons, la femme et le bébé – a donné une photo loufoque. »
« En traversant mon ancien quartier du Bronx, j’ai vu cette association saugrenue : une femme en costume rouge et un panneau Red Devil peint en rouge. J’ai simplement pris la photo sans m’arrêter et j’ai continué ma route. »
« Une chaude journée d’été, un ami m’a emmené dans une carrière privée pour me baigner dans une eau douce et immaculée, juste à côté de l’Atlantique salé. C’est de cette carrière que provenaient les pierres de nombreuses banques de la ville de New York, mais voir des enfants et des familles se prélasser au milieu de ces grands blocs de granit m’a procuré une émotion toute particulière. »
« Lors d’un voyage de retour à New York, un jour de printemps, j’ai vu cette maison à l’allure étrange sur une colline, avec un fil de linge suspendu à l’avant et un homme dormant dans l’herbe en contrebas. J’ai dû m’arrêter et trouver la bonne distance pour essayer de capturer le mystère qui émanait de cette vision. »
« On m’a demandé de parcourir l’île de Porto Rico pour découvrir ce qui lui était singulier. J’ai eu de nombreuses surprises, mais voir cet homme promener son coq de combat sur le ring était à la fois attendrissant et un peu surréaliste, dans la mesure où, dix minutes plus tard, il pourrait n’être plus qu’une poignée de plumes ensanglantées. »