Rumi Unal, ancien diplomate, a passé deux ans en prison après le coup d’État raté contre Recep Tayyip Erdogan en 2016. Affilié à la confrérie de l’imam Fethullah Gülen (1941-2024), soupçonnée d’avoir fomenté le putsch, il est persona non grata dans son pays et vit réfugié à Paris. En 2025, Ankara accuse toujours les gulenistes d’appartenir à une « organisation terroriste armée ». La répression ne se limite pas à la Turquie. « La Macédoine, la Bosnie, l’Albanie, la Moldavie et le Kosovo, qui n’appartiennent pas à l’Union européenne, ne sont pas sûrs, illustre Rumi Unal. Des demandeurs d’asile y ont été enlevés par les services de renseignements turcs, ainsi qu’en Afrique. »

Deux écoles à Schiltigheim

Même à Strasbourg, les gulénistes sont fichés à chaque manifestation, selon Rumi Unal. Ils représenteraient entre 150 et 200 familles en Alsace. Actifs dans l’éducation, ils avaient fondé un collège privé à Lingolsheim qui a vu ses effectifs fondre et dû déménager à la rentrée 2017, après des pressions venues de Turquie. Aujourd’hui, ils pilotent une école maternelle et une école élémentaire à Schiltigheim.

Pour la quatrième année consécutive, à l’appel de leur collectif DDH , les sympathisants de Fethullah Gülen se rassemblent ce mercredi 25 juin à partir de 11 h 30 devant le Conseil de l’Europe. Ils attendent que celui-ci fasse respecter les arrêts de la Cour européenne des droits de l’Homme. En particulier l’arrêt Yalçinkaya, rendu en septembre 2023, du nom d’un enseignant condamné à six ans de prison pour avoir utilisé la messagerie cryptée ByLock, canal supposé des gulénistes. Pour la justice turque, cela suffit à en faire un terroriste. « Même après cet arrêt, des milliers de personnes ont été arrêtées pour ce motif », rappelle Rumi Unal.

Les gulénistes espèrent rallier à leur cause les autres opposants turcs en exil. Dont les partisans du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, arrêté en mars 2025. Mais son parti, le CHP, a poliment décliné l’invitation. Le PKK kurde, qui a amorcé un dégel avec régime, est attentiste. « Erdogan a renforcé son pouvoir en jouant sur les divisions », regrette Runi Unal. Ici comme au pays, l’opposition turque peine à se souder.