Etudes de kiné850 euros la formation pour devenir kiné à Brest, 30 000 euros à Rennes : les étudiants kinés dénoncent l’inégalité du coût des études. Une inégalité qui n’est pas sans conséquences : dans un rapport qu’elles viennent d’être publier, les organisations étudiantes pointent une dégradation des conditions de vie des futurs kinés.

Il faut préciser que certaines écoles sont publiques, avec des frais réduits, comme à Brest, alors que d’autres écoles sont privées, et les frais sont multipliés par 20 ou 30, comme à Rennes. Problème : les élèves n’ont pas le choix, ils sont répartis entre les différentes écoles après le concours commun aux études de santé. Une injustice qui vient menacer la réussite des étudiants.

« Les étudiants sont précarisés avec ces frais de scolarité exorbitants »

Pour Elise Bardoult, élève en 2ème année à l’Institut de formation de Rennes, et présidente de l’association étudiante DRAKARE : à Rennes « 86% des étudiants doivent travailler à côté de leurs études. C’est énorme. On travaille en même temps que notre formation, donc forcément on met moins de temps dans notre formation. Et on a aussi peur du redoublement qui nous amènerait à payer une année supplémentaire. C’est une pression constante. Il faut travailler, on n’a pas assez d’argent pour boucler les fins de mois. Les étudiants sont précarisés avec ces frais de scolarité exorbitants. »

Elise Bardoult, élève à l’Institut de formation de Rennes Elise Bardoult, élève à l’Institut de formation de Rennes

Crédit : Yann Launay

L’étude montre que les étudiants en institut privé sont fortement endettés, et beaucoup vivent des difficultés financières quotidiennes. Jusqu’à impacter leur santé, comme le montre le rapport : « 37% considèrent que leur santé mentale s’est dégradée en arrivant en études de kiné. C’est pas normal, on doit s’épanouir dans les études et là, ce n’est pas le cas parce qu’on a toujours cette pression au-dessus de nous et on ne devrait pas s’en préoccuper autant. Un étudiant sur trois ne va pas aller chez le médecin lorsqu’il est malade parce qu il faut avancer des frais.

« On va manquer de kinés plus tard »

Certains ne peuvent pas se permettre d’avancer 30 euros pour aller chez le médecin. Ces frais de scolarité vont faire que les étudiants vont arrêter leurs études parce que c’est trop cher, et on va manquer de kiné plus tard. La solution serait de nous aider parce qu’on est un peu à bout de souffle. »

Elise Bardoult, élève à l’Institut de formation de Rennes Elise Bardoult, élève à l’Institut de formation de Rennes

Les étudiants dénoncent aussi le nombre trop faible de boursiers. Pour Elise, les critères d’attribution sont en décalage avec la réalité : « le système des bourses de manière générale doit être réformé, c’est-à-dire qu’on prend en compte le revenu des parents mais qui dit que les parents peuvent donner cet argent et peuvent participer aux frais.

« Il faut prendre en compte l’argent de l’étudiant et pas celui des parents. »

En kinésithérapie, les boursiers sont gérés par la région, alors que dans presque toutes les autres études, ils sont géré par le CROUS. En fait, on demande un transfert de cette gestion pour être comme tous les autres étudiants, et pour que les démarches soient facilitées. C’est un système qu’il faut réformer parce qu’il n’est pas juste, il faut prendre en compte l’argent qu’a réellement l’étudiant et non pas celui des parents. »

Elise Bardoult, élève à l’Institut de formation de Rennes Elise Bardoult, élève à l’Institut de formation de Rennes

En 2023, le ministère de la Santé avait promis de s’attaquer à ces inégalités dans le coût des études, mais aucune solution n’a vu le jour. Les associations étudiantes demandent l’intégration des formations kiné à leur université de rattachement.