Par

Nicolas Gosselin

Publié le

25 juin 2025 à 6h42

Après avoir été dans le creux de la vague en 2022, le pôle urgences du CHU de Bordeaux sort enfin la tête de l’eau. « Au pire de la crise, on accueillait que 40 malades par jour à l’hôpital Pellegrin et on est revenu à une moyenne de 150 par jour », se félicite Thomas Mesnier, chef du pôle. De garde la nuit du 21 au 22 juin 2025, le médecin urgentiste raconte même avoir battu un record lors de la fête de la musique avec 186 admissions. Comment le centre hospitalier bordelais a-t-il réussi à inverser cette dynamique morbide ?

Revenons au printemps 2022. À l’époque, la direction du CHU de Bordeaux annonce devoir passer « en mode dégradé » sur les urgences et doit même fermer partiellement le service la nuit. La raison ? « Il a manqué jusqu’à plus de 15 médecins urgentistes sur le pôle », rappelle Thomas Mesnier, qui n’était pas encore en place.

« Pas de malades dans les couloirs »

Le nouveau directeur de l’hôpital Pellegrin, Nicolas Tachon, justifie cette vague de départs successifs par « un cumul de problèmes ». « Il y avait un flux de patients extrêmement conséquents ces dernières années, dont certains qui stagnaient dans les couloirs car il y avait moins de ressources humaines donc moins de lits. Ça générait des tensions. » Désormais, la consigne est claire : « pas de malades dans les couloirs ».

Autrement dit, l’ambiance n’était pas au beau fixe et l’attractivité du pôle en a pris un coup. Pendant quelques années, le solde était négatif entre les départs et les arrivées de professionnels médicaux et paramédicaux. En 2025, la tendance s’inverse enfin et laisse entrevoir une dynamique positive, même si le CHU ne relâche pas les efforts sur le recrutement.

Thomas Mesnier est le chef de pôle des urgences du CHU de Bordeaux.
Thomas Mesnier est le chef de pôle des urgences du CHU de Bordeaux. (©Actu Bordeaux / Nicolas Gosselin)

« Aujourd’hui, ça va beaucoup mieux. Il ne nous manque plus que deux urgentistes pour être à effectif complet », précise Thomas Mesnier, arrivé en septembre 2023 à la tête du pôle urgences du CHU de Bordeaux – qui comprend les services de Pellegrin et de Saint-André – pour redresser la barre.

Cette attractivité retrouvée, elle s’explique en partie par le projet de nouveau CHU et les 40 millions d’euros alloués pour les travaux et notamment pour rénover des bâtiments vétustes et trop étroits. D’ores et déjà, le service des urgences de Pellegrin a profité du déménagement de l’unité de neuroréanimation dans de nouveaux locaux plus adaptés, pour récupérer une place laissée vacante pendant quatre ans.

14 box supplémentaires aux urgences de Pellegrin

Ainsi, en investissant cette unité désaffectée, le pôle des urgences a pu augmenter sa capacité de 14 box et passer à 35 box au total. Ce nouvel espace accueille désormais l’unité d’hospitalisation de courte durée (UHCD) et a permis l’ouverture du circuit long des soins d’urgence sur l’ancienne UHCD.

« Pas mal d’urgentistes ont jeté l’éponge dernièrement mais c’est en train de changer. Désormais, on a des box pour examiner les patients en toute confidentialité, c’est un élément de base pour pouvoir travailler. Aussi, les temps d’attente ont diminué drastiquement. Le CHU de Bordeaux est en train de redevenir attractif », commente Pierre Hausfater, le chef de service des urgences adultes de Pellegrin.

Un écran à l'accueil des urgences donne le temps d'attente estimé.
Un écran à l’accueil des urgences donne le temps d’attente estimé. (©Actu Bordeaux / Nicolas Gosselin)

Il est bien placé pour en parler. Cet urgentiste arrive tout droit de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière et a récupéré son nouveau poste en mai dernier. « La réorganisation permet de se projeter dans l’avenir. D’ici quatre à cinq ans, avec la fin des travaux du nouveau CHU, on aura un service complètement refait et dimensionné à hauteur du nombre de passages que nous aurons dans les prochaines années. C’est un projet bâtimentaire qui donne de l’espoir. »

Une durée moyenne de passage en nette baisse

Grâce à l’augmentation du nombre de lits et d’effectifs, la durée moyenne de passage entre l’entrée et la sortie des urgences est passée de six heures avant à moins de quatre heures, selon Thomas Mesnier. Par exemple, sur la régulation, le nombre de médecins urgentistes en journée est passé de trois à quatre et trois urgentistes sont de garde le soir jusqu’à minuit, contre deux auparavant.

Le service de régulation médicale devrait aussi être l’un des grands gagnants des futurs travaux du CHU de Bordeaux, dont le lancement est programmé pour 2027. En effet, les équipes sont assez à l’étroit actuellement – « c’est une ruche », imagine Thomas Mesnier – mais le chantier prévoit de leur offrir d’ici 2030 une surface 2,5 fois plus grande.

La salle de régulation médicale est une véritable ruche.
La salle de régulation médicale est une véritable ruche. (©Actu Bordeaux / Nicolas Gosselin)

« Avec le service d’accès aux soins (SAS), il y a un changement d’utilisation du 15 par la population. Les gens n’appellent plus que pour les urgences vitales mais aussi pour les problèmes de soins non programmés. Du coup, on est passé à 800 000 appels en 2024 contre 600 000 en 2021. Et on devrait atteindre le million dans les prochaines années », projette le chef du pôle des urgences du CHU de Bordeaux.

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