Derrière les fourneaux du restaurant Rhinocéros, rue Sainte à Marseille, les cuisiniers sont plus jeunes que d’habitude. Ce lundi, ils sont cinq collégiens du quartier Félix-Pyat (3e) à s’activer en cuisine. De la découpe à la cuisson, ils ont réalisé un plat complet sous les directives de l’ancien chef de l’épuisette Guillaume Sourrieu. Au menu : lotte, polenta aux épices et vinaigrette vierge à base d’huile d’olive.
Un exercice que les jeunes connaissent déjà bien puisqu’ils ont cuisiné avec une quinzaine de chefs dans le cadre du projet Des étoiles en cuisine. C’est en 2020 que leur histoire avec la gastronomie débute. Tous élèves à l’école parc Bellevue, ils s’inscrivent pendant les vacances à un atelier de cuisine organisé par Véra Tur-Grigorieff, ancienne directrice de l’école, et le cuisinier Ludovic Dupont. « Pendant la semaine, le chef a vu qu’on cuisinait bien et qu’on était motivés. Il a donc voulu continuer les ateliers avec nous », se souvient Ismaïl, élève de 4e.
De cette expérience est né un livre de cuisine intitulé Les enfants de Marseille cuisinent le monde. Ils remettent le couvert avec un 2e livre où ils testent des recettes de grands chefs étoilés. « Si le projet ne s’arrête pas, c’est parce que les jeunes ont la niaque et qu’ils ne font que me demander ce qu’on fait après », explique l’initiatrice du projet. Ils sont huit à être encore dans le projet après 5 ans d’existence. Une expérience qui les a conduits dans les cuisines de l’Élysée, celles de grands chefs ou encore à des masterclass des écoles d’hôtellerie de Bonneveine ou de Passedat.
Susciter des passions
Ces ateliers ont éveillé quelques passions chez ces enfants. Chaïma, qui a rejoint l’aventure il y a deux ans, ne quitte plus sa cuisine. « J’aime beaucoup la pâtisserie. Je prépare des plats aussi chez moi. Parfois, je suis les recettes que je trouve sur internet, explique la collégienne. Souvent je refais les recettes que l’on a faites. »
Pour l’ancienne directrice d’école, ces ateliers leur permettent aussi de découvrir ou redécouvrir la gastronomie provençale. « On leur montre que l’on peut faire d’autre chose, avec des aliments qu’ils ne connaissent pas forcément. » Ce lundi, la polenta a été une découverte pour Wiem, 14 ans « Je ne connaissais pas, mais ça se marie bien avec la lotte », note l’adolescente après une bouchée de son plat. Une expérience qui a donné des idées à certains d’entre eux : « J’aimerais bien intégrer le lycée d’hôtellerie de Bonneveine, sourit Ismaïl. Et ouvrir mon restaurant à Marseille. »