Selon un rapport publié ce mardi par l’Agence européenne de l’environnement, le stress physiologique et les troubles du sommeil qui en résultent entraînent 66.000 décès par an au sein des pays de l’Union.
Pollution de l’air, pollution lumineuse, pollution des sols…l’empoisonnement de la planète revêt diverses formes, mais il est de celles dont on parle moins. Dans un rapport publié par l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), et analysé par le Guardian, plus de 100 millions de personnes dans l’UE souffrent de niveaux élevés de pollution sonore.
D’une longueur de 115 pages, le texte étudie les multiples facteurs émetteurs de bruit, à l’instar des véhicules comme les voitures, les trains, les avions, ou les objets du quotidien comme les écrans. 20% de la population de l’Union européenne est touchée par une surexposition à ces nuisances, qui ont des conséquences désastreuses sur la santé. Le stress physiologique et les troubles du sommeil qui en résultent entraînent 66.000 décès par an, sont la cause de plus de 50.000 maladies cardio-vasculaires, ainsi que de nombreux cas de dépression ou de diabète.
Dans les détails, parmi les 110 millions d’individus touchés, 17 millions d’entre eux souffrent d’une pollution sonore «particulièrement élevée et désagréable à long terme», et cinq millions de «graves» troubles du sommeil. Dans son introduction, le rapport mentionne le fait que «les dommages causés par le bruit sont en comparaison supérieurs à ceux résultant de la fumée du tabac». Les transports restent les premiers vecteurs d’exposition au bruit. Selon le document, les bruits liés au transport routier affectent 92 millions de personnes, 18 millions pour le fret ferroviaire, et 2,6 millions pour le réseau aérien.
« La pollution sonore a un impact sur notre santé en maintenant notre corps dans un état constant de combat ou de fuite, même si nous ne nous en rendons pas compte consciemment », a déclaré le Dr Eulalia Peris de l’AEE. « Cela peut conduire à des réponses physiologiques néfastes telles que l’inflammation et le stress oxydatif, et au fil du temps, cela augmente le risque de divers problèmes de santé, notamment les maladies cardiaques, le diabète, les accidents vasculaires cérébraux, l’obésité, les troubles cognitifs chez les enfants et les problèmes de santé mentale.»
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Or, les dommages pourraient être sous-estimés. Si l’on prend comme référentiel les seuils de pollution sonore fixés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) soit une exposition supérieure à 50 décibels en journée, et 40 décibels la nuit, le nombre de personnes affectées grimpe à 150 millions.
En 2017, dans son plan «zéro pollution», l’UE affichait son objectif de baisser de 30% le nombre d’habitants chroniquement perturbés par les bruits des transports. En mars dernier, un rapport publié par Bruxelles fait état de, «niveaux de pollution encore trop élevés, notamment en raison du bruit nocif», appelant à «une action beaucoup plus forte est nécessaire dans l’UE pour atteindre ses objectifs de réduction de la pollution à l’horizon 2030.» Entre 2017 et 2022, le nombre d’individus touchés par une surexposition au bruit n’a en effet baissé que de 3%.
Parmi les mesures évoquées par les contributeurs à ce rapport, l’abaissement de la limitation de vitesse dans les zones urbaines, ou la promotion des transports publics, du vélo et de la marche sont les principales solutions que doivent mettre en œuvre les pouvoirs publics. En sus, l’augmentation du nombre de véhicules électriques, conséquence de l’interdiction de vente des véhicules thermiques préconisée par l’UE d’ici 2035, aura des conséquences en termes d’exposition quotidienne au bruit.