Mardi, l’autorité des transports franciliens Ile-de-France Mobilités (IDFM) a annoncé une troisième vague d’attribution des bus de l’ancien monopole historique de la RATP.
La RATP, via sa filiale Cap Ile-de-France, a remporté environ trois quarts des lignes remises en jeu, soit à peu près 530 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.
Un lot comportant 29 lignes de bus dans le Val-de-Marne et le sud de Paris et le tramway T9 a lui été remporté par Keolis, groupe public et filiale de la SNCF. Celui-ci représente environ 190 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, selon une source proche du dossier.
“Je suis très heureux du gain de trois des quatre lots, qui permet à 6 000 agents de rester au sein du Groupe RATP”, a réagi le PDG Jean Castex, dans une communication interne envoyée aux salariés.
Deux tiers des effectifs
Lors de la dernière vague d’attribution, qui avait vu la RATP perdre 37 lignes et 2 600 agents au profit de concurrents (Transdev et le Milanais ATM), le PDG avait exprimé sa déception.
Cette fois-ci, ce sont 1 700 agents qui seront amenés à quitter le giron de la RATP pour rejoindre Keolis à partir du 1er août 2026 et pour neuf ans au moins (la durée du contrat).
Depuis octobre 2024, dix lots de bus sur douze ont été attribués. Sur les dix, la RATP en a remporté six, ce qui représente près de deux tiers des effectifs des lots attribués jusqu’à présent.
Au total, 19 000 agents dont 15 000 conducteurs de bus seront transférés d’ici la fin de l’année 2026 vers des concurrents de la RATP ou bien la filiale Cap Ile-de-France. Les premiers transferts doivent avoir lieu le 1er novembre prochain.
L’ouverture à la concurrence est combattue par les syndicats qui y voient une privatisation à bas bruit.
Les salariés transférés conserveront certains acquis comme le statut (pour ceux qui l’ont) et les droits à la retraite qui vont avec ainsi que la garantie de conserver leur rémunération basée sur les douze derniers mois.
En revanche, l’organisation du temps travail et l’attribution de primes sera négociée localement dans chaque filiale.
Trois opérateurs se partagent le Noctilien
“On passe d’un fonctionnement assez centralisé à un fonctionnement d’entreprise, un fonctionnement filiale”, explique une source au sein de la RATP.
“On continue d’être contre ce processus qui est une absurdité”, regrette le secrétaire général de la CGT-RATP Bertrand Hammache. “Les attributions des Noctilien (bus de nuit), ce sont trois entreprises différentes (Keolis, Transdev et RATP) qui vont se répartir le service. Et s’il y a quelque chose qu’il faut encore plus coordonner, ce sont bien les Noctilien”, insiste-t-il.
Sur le transfert de salariés, le délégué syndical craint de voir une partie du salaire convertie en prime chez certains opérateurs, pour éviter d’avoir à payer les agents lors des arrêts maladie par exemple.
IDFM assure en revanche que le processus d’ouverture à la concurrence n’aura aucune incidence pour les voyageurs, qui continueront à payer le même tarif et le même abonnement, quel que soit l’opérateur.
Deux lots de bus parisiens à attribuer
Il lui reste deux lots de bus à attribuer, parmi les plus fréquentés et les plus complexes, appelés “Rive gauche” et “Rive droite”. Ils concernent des lignes desservant Paris intramuros.
Selon une source interne à la RATP, la perte d’un de ces deux lots serait un coup dur pour l’entreprise.