• Les 32 pays de l’Otan se sont accordés dimanche 22 juin pour fixer à 5 % de leur PIB leur objectif de dépenses annuelles en matière de défense et de sécurité, d’ici à 2035.
  • Ce compromis a été trouvé face à l’insistance des États-Unis de Donald Trump.
  • À quoi cela correspondrait pour la France ?

Un objectif ambitieux pour contenter Donald Trump. Face à la pression mise par le président républicain, sous peine de voir les États-Unis quitter l’alliance, les 32 pays de l’Otan ont accepté de porter à 5 % de leur PIB, d’ici à 2035, leur objectif de dépenses annuelles en matière de défense et de sécurité. « C’est une grande victoire pour tout le monde », s’est félicité Donald Trump, mercredi 25 juin, lors du sommet de l’organisation militaire à La Haye. « Je leur (aux pays européens et au Canada, ndlr) demande de passer à 5% depuis des années, et ils passent à 5%. C’est énorme (…). L’Otan va devenir très forte avec nous », a-t-il encore lancé. 

Dans les faits, un petit tour de passe-passe comptable devrait permettre d’adoucir les contraintes pesant sur les pays de l’UE : l’accord prévoit des dépenses militaires stricto sensu à 3,5 % du PIB, complétées par celles pour sécurité au sens large (1,5%), c’est-à-dire tout ce qui a trait aux forces de l’ordre, mais aussi à la cybersécurité, au soutien à l’industrie ou encore aux investissements en termes d’infrastructures. Mais à quoi cela correspondrait pour la France ? 

La France au-dessus des 2% du PIB pour la défense mais…

En 2024, dernière année pour laquelle les données sont disponibles, le PIB de la France en valeur (ajusté en fonction de l’évolution générale des prix, donc de l’inflation) s’élevait à 2.917,4 milliards d’euros. En partant de ce chiffre, une part de 5% représenterait un peu plus de 145 milliards d’euros. À titre de comparaison, sur cette même année, 140 milliards d’euros ont été dépensés par la France dans les divers remboursements, 133 milliards d’euros pour les avances aux collectivités territoriales, 87 milliards d’euros pour l’enseignement scolaire ou encore 24 milliards d’euros pour l’écologie, selon les données du ministère du Budget

Regardons désormais ce qu’il en est de la défense. Toujours en 2024 et toujours selon les données du gouvernement, 68 milliards d’euros ont été consacrés à la défense (« soutien de la politique de la défense », « équipement des forces » et « préparation/emploi de forces »), soit 2,33% du PIB. À cela, il faut ajouter les pensions militaires. Les pensions militaires représentent « environ 15 % des dépenses totales du programme des pensions civiles et militaires de retraite en France », rapporte le site de la Formation publique. En 2024, cela représente donc environ 10 milliards d’euros, soit 0,34%. On parle ainsi d’un total de 2,7% du PIB pour la défense. « La France est un allié fiable. Elle a rempli l’engagement pris en 2014 et consacre en 2024 plus de 2% du PIB à l’effort de défense », s’est réjoui en février dernier le ministre des Armées, Sébastien Lecornu. En comparaison, l’effort européen (UE-27) atteignait 1,9 % sur cette période. 

AFP

Lire aussi

« Le danger ne disparaîtra pas » : le patron de l’Otan veut augmenter de 400% les capacités de défense aérienne

En parallèle, la France investit quelque 25 milliards d’euros dans les « sécurités », une catégorie qui regroupe « gendarmerie nationale », « sécurité civile » et « police nationale ». En rapportant au PIB, l’impact est relativement mineur (0,86%). À cela, il faut sans doute ajouter diverses dépenses, comme la cybersécurité, dont le détail n’apparaît pas sur le site du ministère du Budget. De quoi certainement atteindre le seuil de 1%. Toujours est-il que si l’Hexagone est bien engagé dans une trajectoire de forts investissements en matière de défense, il reste encore une marge assez importante pour arriver à l’objectif des 5% en 2035. Or, il ne sera pas aisé d’atteindre cette marque dans un contexte budgétaire ultra-tendu, où l’exécutif multiplie les pistes pour tenter de trouver 40 milliards d’économies pour l’année 2026. Et la France n’est sans doute pas le seul pays dans une telle situation. 

M.G