Jean-Luc Mélenchon salue la victoire de Zohran Mamdani à la primaire démocrate de New York.

EMMANUEL DUNAND / AFP

Jean-Luc Mélenchon salue la victoire de Zohran Mamdani à la primaire démocrate de New York.

POLITIQUE – Une petite victoire au goût de lendemains qui chantent ? En s’imposant largement à la primaire démocrate pour la mairie de New York, Zohran Mamdani a déjoué tous les sondages. Personne ne le voyait sortir vainqueur face à l’ancien gouverneur de l’État, le très modéré (mais beaucoup plus connu) Andrew Cuomo.

Sur une ligne très à gauche, Zohran Mamdani a dénoncé au cours de sa campagne « le génocide en cours à Gaza » et s’est emporté contre les accusations d’antisémitisme dont il a fait l’objet. L’homme de 33 ans, qui se définit comme « progressiste et musulman », fait partie d’une organisation socialiste. Une rareté aux États-Unis. Il est soutenu par des figures très identifiées comme le sénateur Bernie Sanders ou Alexandria Ocasio-Cortez, et a fait campagne essentiellement contre la vie chère et pour la taxation des hauts revenus.

Ce qui lui vaut, de l’autre côté de l’Atlantique, les louanges des cadres de La France insoumise. « Zohran Mamdani a fait un score bien supérieur aux prévisions des sondages. Il l’a emporté face à un ponte de “centre-gauche” soutenu par les chefs locaux du Parti démocrate tricheur », estime Jean-Luc Mélenchon.

Le parallèle avec la situation politique française saute aux yeux. Comment ne pas voir que l’ex-candidat à la présidentielle parle un peu de lui-même quand il salue Zohran Mamdani pour son résultat « supérieur aux prévisions des sondages » ? On se souvient qu’en 2022, il avait fustigé les instituts qui l’ont tous sous-estimé. En 2024, lors des élections législatives anticipées, aucune grande maison n’avait donné le Nouveau Front populaire en tête.

« Ne croyez pas les sondages », dit Manuel Bompard

« Les sondages lui donnaient 1 % en février, 10 % en mars, 20 % en mai et 32 % la semaine dernière. Zohran Mamdani vient de réaliser plus de 43 %. Ne croyez pas les sondages », soutient son bras droit, Manuel Bompard, dans un clin d’œil évident à la France.

Quant à la victoire par KO sur le centre-gauche, c’est aussi un vieux rêve de Jean-Luc Mélenchon, trop heureux d’avoir réuni 22 % des voix en 2022, soit onze fois plus que la candidate du Parti socialiste Anne Hidalgo. Dans la bataille pour le leadership interne à la gauche, toute victoire (même à des milliers de kilomètres) sert de point d’appui. Le même refrain a d’ailleurs été repris par ses plus proches.

« Face à l’extrême droite, seule une gauche claire, populaire et déterminée peut gagner. Partout », se réjouit la députée européenne Manon Aubry, quand la vice-présidente LFI de l’Assemblée nationale Clémence Guetté parle d’une « excellente nouvelle ». La victoire interne de Zohran Mamdani, qui doit encore se confirmer le 4 novembre à l’occasion des élections municipales, n’est pas une « surprise » pour Mathilde Panot.

« Travail de fond » et « programme de rupture »

La présidente du groupe LFI à l’Assemblée estime que le socialiste américain a opéré un « travail de fond », défendu un « programme de rupture » sans « compromission », fait « campagne avec les gens plutôt qu’avec l’argent » et permis, grâce à un patient « porte-à-porte » de « rallumer l’espoir ». « C’est la seule recette pour gagner face au néolibéralisme, à l’extrême droite et à la résignation », assure-t-elle.

Ce n’est pas la première fois que les insoumis tirent des leçons (parfois hâtivement) de scrutins organisés à l’étranger. Après la défaite de Kamala Harris face à Donald Trump, ils avaient reproché à la candidate démocrate un manque de clarté sur le fond : l’ancienne vice-présidente de Joe Biden avait fait une campagne trop modérée à leurs yeux. Lors de son périple aux États-Unis en avril, Jean-Luc Mélenchon s’était entretenu avec Bernie Sanders.