L’une des premières plaintes déposée en France pour « suicide forcé » n’a pas résisté aux conclusions de l’enquête ouverte à Toulon. Plus de quatre ans après la mort d’Odile, retrouvée agonisante sur la plage de La Mitre, son mari a bénéficié d’un non-lieu pour insuffisance de charges. Pendant l’instruction, il n’avait pas été mis en examen et avait été seulement placé sous le statut de témoin assisté.
C’est l’épilogue d’une affaire qui avait eu un certain écho médiatique. » Quand on vous dit le lundi matin “tiens, il y a Dany Boon qui a parlé de toi (sans le nommer, Ndlr) chez Léa Salamé », c’est dur », soupire Me Bertrand Pin, l’avocat de l’époux mis hors de cause, alors que l’humoriste avait lu un texte soutenant la thèse d’un féminicide dans un talk-show du samedi soir.
» Mon client a vécu très difficilement cette période, il va enfin pouvoir faire son deuil », poursuit le pénaliste toulonnais. Et de résumer ainsi ce dossier: » Quatre ans et demi de procédure pour rien, pour s’acharner sur un homme qui a dû se défendre pour prouver que les accusations étaient fantaisistes et mensongères. »
Pas de faits démontrés et une fragilité psychologique
Quatre membres de la famille d’Odile, qui a mis fin à ses jours en absorbant une dose massive de médicaments le 1er janvier 2021, avaient obtenu l’ouverture d’une information judiciaire pour « harcèlement moral par conjoint ayant entraîné le suicide de la victime », un délit reconnu par la loi depuis 2020.
Les plaignants soutenaient qu’Odile s’était éloignée d’eux à cause de l’homme qu’elle avait épousé en 2011. Les liens ont ainsi été rompus pendant près de dix ans. Selon eux, Odile était sous l’emprise psychologique de son mari dépeint comme un tyran domestique. Plusieurs témoins avaient corroboré ce portrait contesté par le mis en cause.
« La majorité des dépositions repose sur des impressions ou des témoignages indirects (…) Aucun témoignage ne présente de faits concrets démontrant des actes de harcèlement moral exercés de manière systématique », a cependant relevé l’enquête. « Il y a eu des tensions comme dans tous les couples, mais pas d’actes intentionnels répétés et dégradants », enfonce Me Pin.
Le dossier médical de la défunte et les expertises judiciaires ont en outre mis en relief la fragilité psychiatrique d’Odile, sous traitement psychotrope lourd. Les experts ont pointé les troubles dont elle souffrait « depuis l’adolescence ». De quoi constituer, au regard de la justice, « le facteur principal et autonome de son passage à l’acte ».