Le Rassemblement national veut se tenir prêt. Empêtré dans ses affaires de détournement de fonds publics, le parti d’extrême droite pourrait être privé de sa meilleure candidate pour la présidentielle de 2027. Condamnée à une peine d’inéligibilité de cinq ans, Marine Le Pen est suspendue à un procès en appel qui devrait se tenir avant la fin du mandat d’Emmanuel Macron. Mais dans l’hypothèse où sa peine serait confirmée, la fille du fondateur du FN pourrait faire appel à Jordan Bardella. C’est en tout cas ce que Marine Le Pen a fait savoir, dans un entretien paru ce mercredi dans Valeurs actuelles.

« J’ai intégré l’hypothèse que je ne puisse pas me présenter. Jordan a intégré la possibilité qu’il doive reprendre le flambeau. Je lui ai moi-même demandé de réfléchir et de se préparer à cette éventualité », assure la députée du Pas-de-Calais. Fin mars, elle avait écopé d’une peine d’inéligibilité de cinq ans avec effet immédiat et à quatre ans d’emprisonnement dont deux ferme. La justice l’a reconnue coupable d’avoir orchestré « un système » permettant à son parti de payer des salariés du RN avec l’argent du Parlement européen entre 2004 et 2016. Montant de la fraude : 4,4 millions d’euros.

Un deuxième procès doit se tenir dans les prochains mois devant la Cour d’appel de Paris, qui rendra sa décision « à l’été 2026 ». « D’ici là, je continue à me battre. Bien sûr que la situation n’est pas idéale. Mais que me suggérez-vous d’autre ? Que je me suicide avant d’être assassinée ? », interroge Marine Le Pen dans le magazine proche de l’extrême droite.

Quelques étincelles ces derniers mois

La triple candidate malheureuse à la présidentielle avait jusqu’alors renvoyé une candidature Bardella à l’Elysée en 2027 à une possibilité purement théorique, à la limite de l’incongruité. Marine Le Pen avait même trahi son agacement, le mois dernier, en se disant « pas sûre que Jordan, pour le coup, connaisse très bien les problèmes de la Nouvelle-Calédonie », lors d’un déplacement à Nouméa. Depuis Paris, l’intéressé avait voulu minimiser dans la foulée, y voyant une réflexion selon lui « sortie de son contexte »… tout en assurant « très bien » connaître, lui aussi, le dossier des Outre-mer.