Julie Laernoes va déposer une proposition de loi pour protéger les riverains des nuisances liées à l’augmentation du trafic aérien. Elle considère que la croissance du nombre de vols ne doit pas se faire au détriment de la santé publique.
Avec 7 millions de passagers en 2024, l’aéroport de Nantes Atlantique a frôlé son record de 2019. Cette année-là, ils étaient 7,2 millions à voyager depuis la plateforme. Cette performance laisse sceptique Julie Laernoes, députée écologiste de la Loire-Atlantique. Sa circonscription couvre les villes de Bouguenais et Saint-Aignan-de-Grand-Lieu où se situe l’aéroport.
«En 2025, selon les prévisions du premier semestre ce record sera battu», anticipe-t-elle. Or, «cette évolution entraîne mécaniquement un accroissement des pollutions sonores de plus en plus difficiles à supporter et avec des effets concrets et néfastes sur notre santé», soutient-elle dans un communiqué de presse. C’est dans cet esprit qu’elle déposera la semaine prochaine une proposition de loi visant à mieux lutter contre les nuisances.
Beaucoup de vols low-cost
La députée a réalisé ce travail en lien avec les citoyens, face à «un État qui reste sourd aux demandes des élu-e-s du territoire et de ses riverains». Pendant trois mois, de février à avril, elle les a invités via une consultation en ligne, à se prononcer sur trois axes : le rehaussement des amendes pour les compagnies qui ne respectent pas le couvre-feu instauré de 00h à 6h ; une augmentation de l’amplitude de ce même couvre-feu et un plafonnement possible du nombre de vols. Le détail des 230 contributions et plus 1000 votes sera présenté lors d’une réunion publique ce mercredi soir.
Globalement, «les riverains ont demandé plus de régulation du trafic avec un plafonnement du nombre de vols», assure la députée qui suggère le chiffre de 56.000 mouvements par an. Ce seuil n’est autre que celui «au-delà duquel chacun disait qu’il fallait faire déménager l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes». Pour mémoire, ce projet a été abandonné en 2018 et un nouveau concessionnaire devrait être désigné d’ici 2026 pour moderniser la plateforme aéroportuaire située à 5km du centre-ville de Nantes.
Ce plafonnement est-il synonyme de décroissance économique, comme dénoncé par certains ? «Je pense qu’il y a quelque chose de très archaïque et daté. On ne mesure pas le mouvement économique au nombre de vols. 80% des vols sont low-cost et ne rapportent pas grand-chose au territoire», se défend l’élue NFP. Hormis «des nuisances et des pollutions» pour les habitants du coin.
Extension du couvre-feu
Concernant le couvre-feu, son extension est plébiscitée par les participants de la consultation. «L’évolution du trafic orienté vers le low cost a pour particularité que pour rentabiliser le modèle, les avions doivent partir très tôt ou très tard et sont à l’origine de beaucoup d’infractions au couvre-feu», souligne Julie Laernoes. Et d’ajouter que «près de la moitié des infractions nationales sont dues à Nantes-Atlantique».
Si la proposition de loi marque une nouvelle étape, ces sujets sont régulièrement remis sur la table par les élus locaux de différentes sensibilités politiques. Depuis un an, un comité de l’aéroport est organisé chaque trimestre à la préfecture et un délégué ministériel au réaménagement de l’aéroport de Nantes-Atlantique a été nommé. De quoi laisser croire à la députée qu’un jour, le sujet finira par se régler ? «Oui et non. On avait espoir, au vu des comportements des gens, qu’ils prendraient moins l’avion après le Covid. Mais l’espoir s’est envolé quand on voit les records de fréquentation». Julie Laernoes estime que dans ce domaine, «la baisse de fréquentation ne se fera pas seule. On a besoin d’émettre des règles strictes. On ne peut pas laisser les compagnies low cost décoller et atterrir, en faisant fi de la santé des gens.»