«Au fond, j’ai toujours triché avec la révolution. Le jour, je chantonnais en chœur avec les camarades : “Du passé faisons table rase…” et le soir, je revenais à mes classiques, Stendhal, Montaigne, Flaubert, Thomas Mann, Robert Musil et la musique baroque.» Maren Sell, dans Tout est là, se retourne sur ses quatre-vingts années d’existence. L’éditrice et romancière, née en 1945 en Allemagne, participa à l’effervescence militante des années 1970. Etablie à Paris dans sa vingtaine, elle fut journaliste à Libération à ses tout débuts. Son autobiographie éclaire toutes les saisons d’une vie ardente faite de glissements, de revirements apparents, dont le principal : être devenue une mère puis une grand-mère comblée de famille recomposée.

Dans le titre Tout est là, l’autrice affiche son intention de sincérité. L’est-elle complètement, quand ce livre s’adresse à des lecteurs inconnus, mais aussi à ses dix petits-enfants ? Qu’importe, le livre reste ainsi ouvert sur le présent, voire le futur, qui l’inquiète bien évidemment, dans une empathie avec les générations suivantes. Maren Sell appartient, elle, à celle qui fit tant de bruit en Allemag