Par
Léa Pippinato
Publié le
25 juin 2025 à 20h29
Ce vendredi 27 juin 2025, un nouveau tiers-lieu ouvre ses portes dans un endroit que peu auraient imaginé voir transformé un jour. Au 59 rue de l’Industrie, à l’ombre de l’ancien Lidl, naît la Montpellier Base Artistique, MBA pour les initiés. Ancienne friche commerciale, ce site devient le terrain de jeu des collectifs montpelliérains. Situé à deux pas de l’arrêt de tram Restanque, il s’impose déjà comme une nouvelle scène culturelle dans un quartier en mutation : Montpellier Sud.
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La structure est portée par l’association Bières d’Occitanie, avec à sa tête Antoine Blain et Jordi Tavoillot, figures bien connues du monde associatif et festif local. « On voulait créer un espace ouvert, simple, accessible et libre pour les collectifs, les artistes, les voisins. » L’ouverture au public se fera du mardi au samedi, en soirée.
Un lieu brut, vivant et populaire
La MBA s’installe dans un décor à la fois minimaliste et familier. Les anciennes enseignes « pain », « charcuterie », « bio », vestiges du passé commercial du bâtiment, surplombent toujours les espaces réaménagés. À l’intérieur, une salle de 400 m² peut accueillir 300 personnes. À côté, un studio de danse de 60 m² est prêt à héberger cours, masterclass et résidences. À l’extérieur, une guinguette s’étire sur le parking de l’ancien supermarché, reconverti en terrasse. Le bar est installé, la scène est montée.
Ce mercredi 25 juin, les porteurs de projet ont organisé une visite anticipée du site. Quelques partenaires ont pu découvrir les lieux. Parmi eux, le maire de Montpellier Michaël Delafosse. Enthousiaste, il a souligné la portée symbolique du projet : « Nous sommes ici dans une propriété rachetée par Altemed, sur l’ancien Lidl relocalisé avenue des Près d’Arènes. On aurait pu garder le lieu vide, mais on a choisi de le rendre vivant. » La cuisine était encore en attente d’un dernier élément, une hotte, promise pour le lendemain, mais l’essentiel était là.
La salle principale de la MBA peut accueillir jusqu’à 300 personnes pour des concerts ou des spectacles. (©Métropolitain / LP)Vidéos : en ce moment sur Actu
Dès l’ouverture, le programme se veut riche et varié. Ce vendredi soir, concerts folk et latinos se succéderont sur la scène extérieure. Une démonstration de hip-hop est prévue, suivie d’un concert hommage aux années 90-2000. Samedi, le collectif Solation et Cora Sound prendront le relais avec une soirée dédiée aux musiques électroniques. Ce sera aussi la première privatisation du lieu. La suite s’annonce tout aussi vivante : lotos, cabarets, concerts, ateliers enfants, spectacles jeunes publics, masterclass, expositions. « On veut que les gens s’approprient l’endroit. Nous, on ne programme pas. On met les clés dans les mains de ceux qui ont des idées », résume Antoine Blain.
La guinguette extérieure s’installe sur l’ancien parking, transformé en terrasse conviviale. (©Métropolitain / LP)Un lieu attendu et plébiscité
La MBA répond à un vide longtemps criant. « Il y a dix ans, je galérais pour organiser des événements. Aujourd’hui, on propose un espace accessible, parfois même gratuit, pour ceux qui veulent créer. » Plusieurs collectifs ont déjà réservé des dates jusqu’en décembre. Montpellier Sud est au cœur d’un vaste chantier. Nouvelle école, caserne de pompiers, réhabilitation du MIN (marché d’intérêt national), zones artisanales repensées : la ville transforme ses friches en pôles d’activités. Pour accompagner cette mutation, la mairie a voté une déclaration d’utilité publique sur le secteur, permettant de mieux maîtriser les temps et usages.
Mais le destin de la Montpellier Base Artistique reste temporaire. À terme, le site pourrait être démoli. La ville prévoit d’y prolonger le futur parc Nino Ferrer, dont l’inauguration est prévue le 19 juillet. L’objectif : désimperméabiliser les sols, reconstituer une trame verte, lutter contre les îlots de chaleur. Le quartier, imperméabilisé à 95 %, souffre des effets du changement climatique. « On ne peut plus se permettre de laisser ces surfaces bétonnées. Le parc viendra faire le lien entre la Restanque, Saint-Martin et toute la zone sud », explique le maire. Mais rien n’est figé. Le devenir du site dépendra aussi des finances publiques.
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