Après le redressement judiciaire des boulangeries-pâtisseries Yvonne, fondées à Rouen, d’actuels et anciens salariés s’indignent de la rémunération conséquente de leur patron.

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Face à l'énorme rémunération du gérant des boulangeries-pâtisseries Yvonne de Rouen, des salariés s'indignent et pointent du doigt sa mauvaise gestion.
Face à l’énorme rémunération du gérant des boulangeries-pâtisseries Yvonne de Rouen, des salariés s’indignent et pointent du doigt sa mauvaise gestion. (©VL/76actu/Archives)

Par

Yann Rivallan

Publié le

25 juin 2025 à 20h36

Ce n’est plus un secret pour personne. La franchise de boulangeries-pâtisseries Yvonne, fondée à Rouen en 2010, est en grande difficulté financière. Officiellement, c’est en raison d’une perte de chiffre d’affaires après la crise sanitaire, la hausse du coût des matières premières ou encore à cause de « mouvements sociaux et certains travaux de voiries de la Métropole », comme l’ont indiqué les patrons de l’entreprise, le couple Coudray, devant le tribunal de commerce de Rouen. Mais en creusant un peu plus, on constate que le revenus des fondateurs dénotent avec la santé financière de l’entreprise et de leurs 58 salariés.

Une rémunération annuelle de 430 000 euros

Aujourd’hui, l’enseigne est au bord du gouffre. Placée en redressement judiciaire à l’issue d’une audience le 27 mai 2025, la SARL Yvonne accuse un total de dettes de près de 2,5 millions d’euros (dont 2 millions d’euros sont des charges sociales et fiscales non réglées).

Selon les derniers comptes annuels de l’entreprise (sur l’année 2023), que 76actu a pu consulter, le gérant et associé majoritaire de la SARL Yvonne, Jean-Marc Coudray, bénéficie pourtant d’une rémunération annuelle totale de 428 964,38 euros, avec une prise en charge de ses cotisations sociales obligatoires et facultatives par l’entreprise.

« Une honte » et « un irrespect total » pour plusieurs anciens et actuels salariés d’Yvonne interrogés.

C’est culotté quand on sait qu’on a été plusieurs fois payés en retard. […] Une fois, j’ai attendu 20 jours avant d’avoir mon salaire.

Un ancien apprenti chez Yvonne

Cet ancien apprenti en pâtisserie se souvient d’un patron absent et qui débarquait à quelques occasions pour annoncer des difficultés financières et « des retards de salaire ».

« Attendre 15 jours mon salaire, c’était une galère »

Une ancienne alternante en vente, passée par Yvonne après le premier confinement, se souvient d’une gestion « un peu floue » et d’un patron qui apparaissait rarement. Comme l’apprenti en pâtisserie, elle a à plusieurs occasions du « courir après les responsables » pour son salaire.

Déjà que j’étais alternante et que je touchais une misère. Devoir attendre 15 jours mon salaire, c’était une galère.

Une ancienne alternante en vente chez Yvonne

Alors, voir le couple Coudray s’installer à Dubaï avec une telle rémunération (chose dont le couple ne se cache pas dans une interview de nos confrères du Parisien), « c’est inacceptable », s’agace-t-elle.

Recours massif aux apprentis

Un autre point soulevé par nos différentes sources, c’est le recours massif aux apprentis et alternants dans les effectifs d’Yvonne. Une logique pour « faire des économies », pensent nos différents interlocuteurs.

« On était sur du 10 ou 15 alternants en boutiques à Rouen pour 2 ou 3 CDI », assure une ancienne vendeuse.

Les problèmes rencontrés chez Yvonne se retrouvent dans tout le milieu [de la boulangerie-pâtisserie], c’est juste particulièrement grave là-bas.

Un ancien vendeur chez Yvonne

Toujours dans cette gestion complexe et les éventuelles explications des difficultés financières d’Yvonne, le jugement rendu à la suite de l’audience au tribunal de commerce de Rouen nous apprend qu’entre 2021 et 2023, l’entreprise a eu « un manque de suivi comptable et administratif ». Surtout, en épluchant les comptes de la société, on remarque que les dettes fiscales et sociales liés aux organismes sociaux ont particulièrement augmenté durant ces trois années.

On constate une augmentation d’environ 500 000 euros chaque année entre 2021 et 2023 pour ces dettes spécifiques. 

Jean-Marc Coudray ne s’exprime pas

Bref, ça fait beaucoup à encaisser pour les salariés encore en poste qui craignent de perdre leur emploi dans les prochains mois. Si redressement judiciaire ne veut pas forcément dire fin d’activité, c’est une sérieuse alerte au vu de la situation financière d’Yvonne.

Sollicité plusieurs fois sur sa gestion et le montant de sa rémunération, Jean-Marc Coudray n’a pour le moment pas répondu à nos questions.

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