Il y a deux ans, le conseil municipal adoptait le mode de gestion des deux complexes aquatiques en projet sur les sites des piscines Nord (15e) et de Luminy (9e), respectivement abandonnées par la précédente municipalité en 2011 et 2009. Les élus approuvaient alors le montage d’une Semop. Une Société d’économie mixte à opération unique qui prévoyait un budget de 76 millions d’euros pour la rénovation complète des deux bassins, programmant des inaugurations en 2026, après 18 mois de travaux. Mais depuis l’annonce de la maire adjointe (DVG) chargée des grands équipements, Samia Ghali, aucun des deux projets n’a sorti la tête de l’eau.

En février 2024, l’élue avait certes revu le calendrier initial, évoquant une ouverture en 2027. Mais elle restait déterminée à offrir deux installations modernes à la ville : au nord, un complexe aqualudique pour l’apprentissage de la nage et les loisirs, avec structure indoor pour les sports d’intérieur et offre de restauration ; à Luminy, un pôle d’excellence avec centre d’hébergement et fosse de plongée pour un « véritable Clairefontaine de la natation », dixit Samia Ghali. Mais aujourd’hui, plus rien ne filtre. « L’autorité concédante ne peut communiquer les informations confidentielles dans le cadre d’un contrat de concession, dont la divulgation violerait le secret des affaires », élude la Ville. Sans pour autant expliquer le calendrier annoncé qui apparaît déjà périmé.

La Semop, une fausse bonne idée ?

Côté couloir, on pointe du doigt le « montage complexe et coûteux » des dossiers. « Sur les 4 100 piscines liées à l’activité municipale en France, on en compte 300 en DSP (délégation de service public), une quinzaine en concession de travaux, une seule en Semop, à Rillieux-la-Pape (un complexe aquatique livré en 2019) souligne un spécialiste de l’implantation de ce type d’équipements publics. C’est que le modèle est complexe : il s’agit pour le partenaire privé de prendre tous les risques financiers alors qu’il appartient à la collectivité de fixer le cahier des charges, tout cela est assez antinomique. Il faut par exemple intégrer les souhaits de la Ville concernant la gratuité lors des périodes de canicule, ou la pratique de tarifs préférentiels. En DSP, la Ville a un droit de regard. Ici, elle est majoritaire au conseil de surveillance et il faut dans le même temps que le privé imagine un modèle où chaque m² est rentabilisé. »