Planches de bois aux murs, étais éparpillés dans les pièces, girelles (1) bien empaquetées… L’atelier Madoura reprend, petit à petit, sa forme d’antan. S’il est fermé depuis 1997, ce lieu emblématique s’est inscrit, en un peu moins de soixante ans (il fut ouvert en 1938 par Suzanne Ramié), dans l’histoire de la céramique. Il a vu défiler Picasso, Chagall, Matisse, Brauner, etc. dans ses ateliers, repris au XXIe siècle par la famille Ramié. Les marques du temps n’ont pas faibli depuis.

« Il fallait créer des fondations, pour le bâtiment, qui n’existaient pas et qui a été posé à même la terre « , précise, dans un premier temps, le maire, Kevin Luciano. Une étape cruciale pour pouvoir avancer le reste du chantier. Cinquante mètres cubes de béton et 16 tonnes de résine auto-expansive ont été nécessaires pour assurer la stabilité du bâti, alors surveillé et mesuré pendant un an.

Une partie de 270m² ajoutée

Quatre saisons, pour constater « comment le sol réagit  » face aux « variations de température et aux taux d’humidité « , précise le rapport du projet. « Nous avons installé une quarantaine de cibles laser, relevées tous les mois par un géomètre. On surveille les mouvements potentiels au millimètre près « , détaille Benoit Laugeois, directeur architecture et bâtiments à la communauté d’agglomération Sophia Antipolis (Casa). Cette dernière finance la totalité des travaux, d’un montant de 7 millions d’euros.

À l’intérieur, une opération de désamiantage a été menée, clôturant alors la première phase de la réhabilitation, en avril. Mais le repos ne sera que bref, puisque la deuxième période de travaux débutera à l’automne avec un projet d’ampleur: l’extension de 270m² à construire. Il s’agira de la future entrée du musée.

Une partie venant s’ajouter à l’existant — du côté de la rue Gerbino – toujours avec le même objectif: « Garder le bâtiment d’origine dans sa nature historique, ne pas le dénaturer ou trop le modifier. On veut qu’il reste tel qu’il était, c’est un lieu patrimonial et il doit garder cette valeur « , affirme fermement l’édile. Dans un second temps, des contreforts ont été installés, fabriqués avec de la pierre récupérée directement sur site. Un projet d’ampleur dont reste encore à faire – entre autres – la restauration des toitures et des façades, ainsi que l’aménagement des espaces intérieur et extérieur.


Les tours de potiers d’époque ont été protégés par d’épais caissons en bois.
Photo patrice lapoirie Photo Patrice Lapoirie.

Un jardin ouvert au public

Pour compléter les 2.000m² d’espace bâti, l’ambition se porte vers l’aménagement d’un jardin, ouvert aux visiteurs et au public, via deux grilles pour y accéder. Alors qu’un précédent projet envisageait un immeuble de cinq étages, sa version révisée et validée propose un espace vert de 2.000m². « On a une volonté d’avoir le plus de végétation possible, d’aérer et rouvrir, revoir l’urbanisme de cette ville, qu’elle soit moins bétonnée et plus agréable. « 

Mais, avant d’installer les plantes et arbustes dans leur nouvel environnement, pour l’instant, la priorité reste l’atelier en lui-même. L’espace libre du côté du futur jardin restera, pour l’heure, à disposition. « On a besoin de cet endroit pour un côté opérationnel, pour faire la base chantier et travailler sereinement dans un milieu moins contraint « , détaille Benoit Laugeois.

Plusieurs entreprises locales ont répondu à l’appel à projet, qui suit son cours, en attendant sa livraison, prévue pour le printemps 2027.

1. Plateau au-dessus de la tour de potier, sur lequel on pose de l’argile pour le façonner.

Une scénographie en réflexion

Les travaux avancent, les réflexions aussi. Les espaces intérieurs, ainsi que le parcours dans le musée, ont commencé à être imaginés. « On va avoir un musée qui se présentera avec un parcours historique, en quelque sorte. À l’entrée, on passera dans les boyaux de la terre comme autrefois, puis on ira vers la partie plus contemporaine « , détaille le maire de Vallauris. Histoire, mais pas seulement, puisque plusieurs salles ont été modélisées pour présenter le métier de céramistes, dont la renommée n’est plus à faire dans la commune. L’une présentera la poterie traditionnelle, une seconde aura la disposition d’un atelier de céramiste, et une dernière affichera différentes iconographies et œuvres de Picasso sous vitrine. « On va réintroduire l’idée d’activité céramiste, de séchage etc », ajoute Benoit Laugeois.

Des espaces d’exposition

Un parcours de A à Z, dont l’espace le plus majeur est dédié à de l’exposition permanente. Deux autres petits espaces seront, quant à eux, utilisés pour des présentations temporaires. Des ateliers pédagogiques devraient aussi être organisés afin que le public se plonge pleinement dans l’esprit d’antan et dans cet artisanat majeur à Vallauris.