L’Europe et la Chine négocient pour remplacer les taxes sur les véhicules électriques chinois par des prix minimums. Une solution pour apaiser les tensions commerciales ?

EN BREF

  • En octobre, l’UE et la Chine discutent de prix minimum pour les véhicules électriques chinois pour apaiser les tensions commerciales.

  • L’UE envisage des prix planchers pour les voitures électriques chinoises, évitant ainsi les taxes douanières élevées et les tensions commerciales.

  • Une solution négociée sur les prix minimum pourrait réduire les tensions et préserver les relations commerciales entre l’UE et la Chine.

L’Union européenne et la Chine explorent la mise en place de prix minimum pour les véhicules électriques chinois, en alternative aux droits de douane. Cette démarche vise à apaiser les tensions commerciales. L’industrie automobile allemande soutient cette approche pour éviter un conflit commercial.

Une bonne alternative aux droits de douane ?

Depuis plusieurs mois, les rapports entre l »Union européenne et la Chine sont tendus en raison des véhicules électriques fabriqués en Chine. En octobre dernier, l’Europe a décidé d’augmenter les droits de douane sur ces voitures, avec des taxes de plus de 40 %, en plus des 10 % de taxes déjà appliqués sur les importations de voitures. Cette décision visait à protéger l’industrie automobile européenne face à la concurrence des fabricants chinois, dont les prix compétitifs sont soutenus par de généreuses subventions publiques. Parmi les entreprises concernées, BYD, Geely et SAIC se sont vu imposer des taxes spécifiques de respectivement 17 %, 18,8 % et 35,3 %. Néanmoins, au lieu de maintenir ces barrières douanières, l’Europe et la Chine envisagent aujourd’hui une autre solution : établir des prix minimums pour les voitures électriques chinoises vendues en Europe. Cette approche consisterait à définir un seuil en dessous duquel ces voitures ne pourraient être vendues en Europe. Cette mesure aiderait à limiter la concurrence jugée déloyale tout en évitant les tensions dues aux taxes douanières. Les discussions ont débuté récemment rapporte Reuters, avec des échanges directs entre Maros Sefcovic, commissaire européen au commerce, et Wang Wentao, ministre chinois du Commerce.

L’idée de prix minimum n’est pas une nouveauté car l’Europe a déjà utilisé ce mécanisme par le passé, notamment pour des produits comme les matières premières. Cependant, appliquer cela aux voitures électriques n’est pas chose aisée. En effet, une voiture n’est pas un produit standardisé. Son prix varie en fonction des finitions, des équipements et des technologies embarquées. Fixer un prix minimum unique pourrait donc ne pas suffire pour répondre aux préoccupations de l’Europe. L’industrie automobile européenne, et en particulier allemande, suit ces négociations de près. L’Allemagne, dont les constructeurs réalisent une part importante de leurs ventes en Chine, s’est montrée critique envers les taxes douanières. Selon l’association allemande de l’industrie automobile (VDA), ces mesures pourraient exacerber les tensions commerciales avec un partenaire économique majeur, au détriment des entreprises européennes. Les constructeurs allemands, qui dépendent du marché chinois pour environ un tiers de leur chiffre d’affaires, plaident pour une solution négociée qui préserverait les échanges commerciaux.

Des enjeux plus larges

Les discussions en cours vont au-delà de ce seul secteur. En réaction aux taxes européennes sur ses voitures électriques, Pékin a imposé des droits de douane élevés sur le cognac français. Cette décision a impacté des entreprises telles que Hennessy et Pernod Ricard, pour lesquelles la Chine est un marché très important. Cette situation montre clairement la complexité des relations économiques mondiales, où chaque action peut provoquer une réaction en chaîne. Trouver une solution concernant les prix minimum pour les voitures électriques pourrait ainsi non seulement réduire les tensions, mais aussi initier un dialogue pour apaiser les frictions commerciales.

Les négociations entre l’UE et la Chine se déroulent également dans un contexte international très incertain. Les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont lancé une série de mesures protectionnistes visant plusieurs de leurs partenaires commerciaux, y compris l’UE et la Chine. Cette hausse des tensions commerciales mondiales pousse Bruxelles et Pékin à explorer des solutions bilatérales afin d’éviter une escalade. Pour l’UE, le défi est double. Il doit protéger son industrie automobile, qui emploie des millions de personnes, tout en maintenant des relations commerciales saines avec la Chine, un marché incontournable. Pour la Chine, il s’agit de défendre l’accès de ses constructeurs automobiles au marché européen, tout en évitant une guerre commerciale qui nuirait à ses exportations. L’industrie automobile allemande, en particulier, souligne l’importance de réduire les obstacles au commerce international. Selon la VDA, les droits de douane posent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent, notamment en augmentant les coûts pour les consommateurs et en fragilisant les chaînes d’approvisionnement. Une solution basée sur des prix minimum, si elle est bien conçue, pourrait résoudre le problème tout en évitant une rupture dans les relations économiques entre les deux blocs.