Par

Anthony Soudani

Publié le

25 juin 2025 à 18h16

C’est le plus vaste arrondissement de Lyon et elle en est à la tête. Fanny Dubot, maire du 7e, tire le bilan à moins d’un an de la fin de son mandat. L’élue écologiste, candidate à sa succession, évoque l’insécurité à Guillotière, place Mazagran et Gabriel-Péri, défendant l’action municipale dans ce secteur.
Fanny Dubot retient un mandat globalement positif et met en avant les nombreuses expérimentations et transformations menées dans le 7e. Interview.

« Le 7e a été le visage des transformations des écologistes »

Actu : Quel bilan tirez-vous de votre premier mandat ? Quels sont les projets menés ou en cours de travaux dont vous vous félicitez particulièrement ?

Fanny Dubot : Je tire un bilan positif. Il y a la phase 3 de la rue Garibaldi, qui est encore aujourd’hui en travaux, mais qui va changer le visage du nord-est de l’arrondissement. Ce sera livré à la fin du mandat.

On a été un arrondissement expérimentateur de beaucoup de politiques, comme les bornes à compost. Si on parle de transformation, on a été le premier arrondissement à accueillir une Voie lyonnaise, sur les quais du Rhône. Pour moi, le 7e a été le visage des transformations et des politiques des écologistes.

Notre souci à la mairie d’arrondissement, c’était de conserver la mixité dans le 7ᵉ en faisant en sorte de ne pas avoir des politiques que pour les bobos (les personnes les plus aisées). Depuis 2023, on est territoire « zéro non recours au droit ». On a réussi à transformer l’arrondissement sans oublier les plus fragiles.

Les Voies lyonnaises vont continuer à se multiplier à Lyon et dans la métropole.
Les Voies lyonnaises ont fleuri dans le 7e arrondissement au cours du mandat, même si celle du cours Gambetta a été reportée. (©Nicolas Zaugra/ actu Lyon)

Êtes-vous déçue que l’aménagement cyclable du cours Gambetta soit reporté ?

F.D. : J’aimerais avoir toujours plus pour notre arrondissement. Il a fallu faire des choix budgétaires et de calendrier. La Voie lyonnaise 12 sur la partie cours Gambetta a été reportée, mais on a la VL8 en travaux rue de l’Université et rue Marc-Bloch. La VL7 a été réalisée, tout comme la VL1 et la VL2. Mais j’espère que le cours Gambetta sera aménagé au prochain mandat.

Insécurité à Guillotière : « Il y a eu des progrès place Gabriel-Péri »

Qu’est-ce qui pourrait être amélioré dans le 7e ? Quels sont les points négatifs ?

F.D. : On a encore plein de choses à faire du point de vue de la sécurité, de la tranquillité publique et les bonnes relations entre les habitants et un certain nombre de personnes qui occupent l’espace public. Je pense qu’il y a eu des progrès place Gabriel-Péri et place Mazagran (Guillotière), mais il faut encore que l’on travaille sur cette question et sur la sécurité des femmes dans l’espace public. Cela me tient à cœur.

Puis, le 7e reste un territoire de transformation. Je pense notamment à Gerland où l’on peut créer de nouveaux logements ou faire des aménagements plus végétalisés et accessibles.

Concernant Guillotière, vous aviez dit en 2021 dans la presse : « Il m’arrive de faire un détour. Je change de trottoir pour passer plus sereinement et être sûre qu’on n’attrape pas mon sac. » Faites-vous toujours autant attention dans ce secteur ?

F.D. : J’aimerais remettre les propos dans leur contexte. J’habite place Gabriel-Péri, donc j’y passe tous les jours. C’était une interview du Progrès qui interrogeait les habitants et les habitantes de la place. Il se trouve qu’en 2021, il y avait le marché sauvage tous les jours. Je pense que j’adoptais le comportement de la plupart des habitants, c’est-à-dire : passer de l’autre côté, sinon on n’était pas en bonne position.

Maintenant, le marché sauvage n’y est plus parce qu’il y a eu beaucoup d’efforts de présence policière, avec des CRS. Mais j’y habite toujours et j’y passe toujours quatre fois par jour.

Un vendeur à la sauvette est verbalisé lors d'une importante opération de police mardi 27 mai 2025 dans le quartier de la Guillotière à Lyon.
Un vendeur à la sauvette verbalisé lors d’une importante opération de police mardi 27 mai 2025 dans le quartier de la Guillotière à Lyon. (©JD / actu Lyon)« Les Lyonnais ne doivent pas avoir peur de venir à Guillotière »

Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour encore améliorer la situation à la place Gabriel-Péri et aux alentours ?

F.D. : Déjà, je veux dire aux Lyonnais qu’ils ne doivent pas avoir peur de venir à la Guillotière. Il y a des commerces et des habitants formidables. Il y a des événements de quartier. C’est ce qui a changé depuis 2020 avec plus d’animations.

Il faut poursuivre les efforts et passer du temps sur chacun des axes, sécuritaire comme social. Les personnes qui se retrouvent dans le trafic de drogue sont dans des situations sociales précaires. On a fait un certain nombre d’aménagements qui sont des réussites.

Il y a une grande absente de ce plan, c’est la justice. La police nous le dit : les arrestations sur la place Gabriel-Péri n’entraînent aucune peine. Il y a une forme de découragement quand on arrête toujours les mêmes personnes qui reviennent au même endroit.

Le Nouvel An chinois célébré ce dimanche 2 février à Lyon a attiré les foules à Guillotière pour une journée de célébrations.
Le Nouvel An chinois, célébré dimanche 2 février à Lyon, a attiré les foules à Guillotière cette année. (©Muriel Chaulet / Ville de Lyon)

La place de la femme dans les rues est l’un de vos combats. Vous posez-vous en terrasse place Gabriel-Péri et comment vous sentez-vous ?

F.D. : Oui, je me pose en terrasse. Il y a un certain nombre de femmes qui ne se sentent pas à l’aise qui nous l’ont dit : il y a des périodes qui étaient moins faciles. Mais il y a autant de femmes et d’hommes au bar La Faute aux ours, par exemple. Je pense qu’il faut que tout le monde puisse sortir à l’aise à la Guillotière. C’est important pour les commerçants qui ont énormément souffert.

Parfois les gens ne viennent pas alors qu’ils n’y ont jamais mis un pied, mais c’est l’image qui a été donnée dans les médias qui leur font renoncer à venir à la Guillotière. Je le déplore et je trouve cela injuste pour le quartier.

Une quatrième caméra place Mazagran où trafic et nuisances persistent

Vous avez évoqué des problèmes de sécurité place Mazagran. Un point de deal à ciel ouvert s’est installé. De votre côté, vous proposez d’installer des toilettes inclusives… est-ce vraiment la solution en termes d’aménagement ? Est-ce que ce sujet n’est pas mis de côté par la municipalité ?

F.D. : Ce n’est pas mis de côté par la municipalité. On y passe une grande partie de notre temps. Les moyens qui ont été déployés place Gabriel-Péri le sont aussi sur la place Mazagran. Les travailleurs sociaux y travaillent également. La police municipale fait sa tournée. Elle est très souvent appelée par les riverains et intervient. Côté présence policière, ça a largement augmenté depuis le début du mandat.

Il y avait zéro caméra et aujourd’hui, il y en a trois. Une quatrième va être bientôt installée. On travaille sur différents volets. Les aménagements ont fonctionné. L’aire de jeux était squattée par les dealers, il n’y a plus cette occupation. On continue les aménagements pour gêner les activités illégales, d’où le barriérage au niveau des toilettes et leur changement. Cela va empêcher le trafic de drogue à cet endroit-là.

La police a procédé à deux interpellations pour outrage à agent, mercredi 16 novembre, lors d'un énième contrôle depuis septembre.
La place Mazagran, lieu de trafics et nuisances, fait l’objet d’une surveillance renforcée, selon la maire du 7e arrondissement. (©AS / archives actu Lyon)Une volonté d’investir dans la Halle Tony Garnier

Du côté de Gerland, à la Plaine des jeux, la prostitution a pris de l’ampleur. Les camions blancs sont garés où s’entraînent des enfants. À côté, le restaurant l’Argenson s’en plaint. Là encore, quelles sont les solutions ?

F.D. : C’est une question qui nous revient très fréquemment. Nous travaillons avec la préfecture pour que des moyens soient mis pour démanteler ces réseaux. On subventionne des associations qui interviennent pour la santé des prostituées.

On a mis une clôture occultante pour que les enfants ne voient pas directement ces activités. Depuis quelques mois, des opérations de police municipale et nationale font en sorte qu’il n’y ait pas d’installations rue Jean-Bouin le mercredi après-midi.

Toujours dans le quartier de Gerland, êtes-vous inquiète de l’avenir de la Halle Tony Garnier qui fait beaucoup parler avec la concurrence de la LDLC Arena ? Avez-vous peur pour son avenir ? Faut-il la privatiser ?

F.D. : Je n’ai pas peur pour son avenir si on est réélu à la Ville de Lyon. Si ce n’est pas le cas, j’aurai un peu plus peur. Il y a d’autres scènes privées qui se sont construites ces dernières années, peut-être d’autres vont encore l’être. Je crois que la Halle Tony Garnier a les atouts d’une salle de centre-ville et l’arrivée du T10 à Gerland va la rendre encore plus accessible.

Il faut tout faire pour qu’elle reste une salle de concerts fréquentée. Cela nécessite des investissements que notre majorité est prête à faire. On défendra son statut public qui nous semble assez important pour l’accès à la culture.

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