Le Conseil fédéral s’est défendu mercredi en conférence de presse face à la polémique liée au surcoût de plus d’un milliard sur l’achat des avions de combat F-35. Il maintient avoir convenu d’un prix ferme avec les Etats-Unis, qui évoquent pour leur part un « malentendu ».

Selon une enquête relayée en premier lieu par SRF, le prix annoncé d’environ six milliards de francs négocié pour l’achat d’avions furtifs américains F-35A ne pourra pas être respecté. Le surcoût pourrait s’élever à 1,3 voire 1,5 milliard de francs.

Deux sources confidentielles de l’administration fédérale avaient alors confirmé à SRF qu’aucun prix fixe n’avait été négocié avec la Suisse et que les Etats-Unis exigeaient désormais davantage.

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« Prix ferme » bel et bien convenu

Le prix fixe des avions de combat négocié avec les Etats-Unis est « valide », a martelé mercredi le Conseil fédéral, en approuvant la suite de la procédure d’acquisition préconisée par le département de la Défense (DDPS) et les discussions diplomatiques sur le prix ferme convenu.

« La Suisse et les États-Unis ont convenu contractuellement d’un prix ferme », maintient le Conseil fédéral. « Celui-ci a été confirmé officiellement, à la fois par les rapports d’expertise de plusieurs études d’avocats et par l’ambassade américaine à Berne. »

Un « malentendu »

Toutefois, en août 2024, « le Joint Program Office (JPO), qui est responsable de tous les projets liés au F-35, a annoncé à armasuisse qu’il pourrait y avoir un surcoût, sans plus de précisions », explique le collège. « À la fin février 2025, la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) a informé la Suisse par écrit que le prix ferme convenu reposait, selon elle, sur un malentendu, sans pour autant chiffrer les coûts supplémentaires. »

Une enquête du Contrôle fédéral des finances avait déjà émis des doutes sur l’existence d’un prix fixe en 2021, concluant qu’il n’existait « pas de garantie juridique pour un prix fixe au sens d’un forfait » selon la jurisprudence suisse. Au Parlement, la rumeur selon laquelle les F-35 seraient massivement plus chers circule aussi depuis plusieurs semaines.

Plainte ou rupture de contrat exclues

Le Conseil fédéral défend toutefois la validité du prix convenu et estime qu’il s’agit maintenant de négocier une solution, « un règlement du problème par voie juridique étant formellement exclu ». Selon lui, une rupture du contrat avec le gouvernement américain aurait « des conséquences considérables ». Elle « empêcherait la Suisse de garantir la sécurité de son espace aérien » à partir de 2032. L’achat du jet de Lockheed Martin est donc maintenu.

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Dans son ensemble, le programme Air2030 prévoit l’acquisition de ces 36 nouveaux avions de combat et de cinq unités du système de défense sol-air de longue portée Patriot, « renouvelant ainsi le système de surveillance de l’espace aérien et de conduite des opérations aériennes », rappelle le gouvernement dans un communiqué. Cependant, « ces derniers mois, certains pans du programme ont rencontré des obstacles de diverses origines. »

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« Le problème est à voir du côté des Etats-Unis »

Pour le centriste jurassien Charles Juillard, membre de la commission de la politique de sécurité du Conseil des Etats, le problème n’est pas à voir chez nous, mais plutôt du côté des Etats-Unis. « Ce contrat, il a été négocié entre deux gouvernements, et en particulier, la clause du prix fixe a été spécialement négociée en marge de ce contrat », souligne-t-il mercredi au micro du 19h30.

Avant d’ajouter concernant l’excuse de Washington qui évoque un « malentendu »: « Avec la nouvelle administration Trump, il faut s’attendre à tout. Et ce ne serait pas la première fois que d’un côté on nous dit une chose et qu’ensuite, on dit autre chose. »

Quoi qu’il en soit, annuler le contrat serait « la pire chose à faire ». « Aujourd’hui, nous avons besoin de ces avions. Nous savons la longue liste d’attente qu’il y a pour pouvoir se procurer des avions de combat. Et je crois qu’il faut faire confiance à nos négociateurs pour faire admettre que le contrat tel qu’il a été signé entre la Suisse et les Etats-Unis contient un prix fixe, un point c’est tout. »

>> L’interview complète de Charles Juillard dans le 19h30 : Le conseiller aux Etats Charles Juillard à propos du coût des F-35 Le conseiller aux Etats Charles Juillard à propos du coût des F-35 / 19h30 / 3 min. / hier à 19:30

jop avec ats