La cour d’assises de l’Ain a condamné mercredi en appel une femme de 33 ans à cinq ans de prison, dont un ferme à purger sous bracelet électronique, pour avoir mis le feu au lit de son grand-père de 95 ans, en août 2020 à Saint-Laurent-de-Mure (Rhône).

La cour a estimé que son geste n’était « nullement une démarche raisonnée d’euthanasie », mais un acte de violence volontaire aux conséquences dramatiques.

Un geste « d’amour » selon l’accusée

À la barre, la jeune femme, mère de deux enfants, a expliqué avoir voulu soulager les souffrances de son aïeul, très affaibli, alité, et qui selon elle lui demandait régulièrement « d’en finir ». « Il en avait marre, clairement », a confirmé une ancienne auxiliaire de vie. Très émue, l’accusée a évoqué un geste commis dans un état second, quelques heures après une rupture sentimentale brutale.

Son avocat, Me Thibaud Claus, a plaidé un « acte d’amour », dans un contexte familial marqué par le silence autour de la fin de vie du nonagénaire. Il a salué une peine « juste », à l’issue d’un procès où la famille de l’accusée a fait bloc derrière elle.

Une mort atroce

Mais pour l’avocat général, il ne pouvait s’agir d’un geste d’amour. « Quand on aime, on ne brûle pas », a-t-il asséné. Le représentant du ministère public avait requis quinze ans de réclusion, dénonçant un « assassinat dans des conditions atroces ». Le vieil homme a en effet été retrouvé mort asphyxié et à moitié carbonisé. Il était incapable de se défendre.

Les experts ont souligné la violence du mode opératoire. La jeune femme a reconnu avoir versé du carburant sur la literie, « sans regarder » et en tremblant. Mais un expert incendie a décrit un dépôt « minutieux, précis ». La cour a retenu une altération du discernement, relevant un état de dissociation psychique au moment des faits, mais n’a pas retenu l’excuse de l’euthanasie.

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Quelques heures avant le drame, le conjoint de la jeune femme lui avait annoncé qu’il la quittait en lui révélant un adultère, « déclenchant » le passage à l’acte de l’accusée, selon une psychologue.

Cette affaire intervient alors que le Parlement examine en ce moment même un projet de loi sur l’aide à mourir. « Peut-être qu’on aurait eu d’autres moyens » si le débat avait été ouvert plus tôt dans la famille, a estimé Me Claus, évoquant un geste « isolé, désespéré, dans une situation sans solution légale ». L’accusée, en larmes à l’énoncé du verdict, purgera sa peine ferme sous bracelet électronique, en détention à domicile.