- Le site Internet « Ville de rêve » vient de dévoiler son « Touriscore », un indicateur permettant d’évaluer l’ampleur du surtourisme dans les centres-villes.
- Les notes attribuées se basent sur une série de données en grande partie relatives aux logements.
- Parmi les villes de plus de 50.000 habitants, Nice, Annecy ou Cannes apparaissent comme les plus touchées par ce phénomène.
Difficultés pour se loger, nuisances multiples, élévation du coût de la vie… En Europe, le développement croissant du tourisme se fait ressentir très fortement, au point que l’on évoque désormais un phénomène dit de « surtourisme ». Des villes comme Barcelone sont par exemple en première ligne : il est fréquent que des locaux manifestent contre les afflux de visiteurs et les plateformes telles qu’Airbnb, accusées de déstabiliser le marché immobilier local.
Ces problèmes n’étant pas cantonnés à l’Espagne, un site Internet s’est lancé dans la mise au point du « Touriscore » (nouvelle fenêtre). Il s’agit là d’un indicateur du surtourisme, qui classe les villes françaises de plus de 10.000 habitants selon une série de critères objectifs.
La côte d’Azur logiquement touchée
Plus connu pour son classement des villes où il fait bon vivre, établi grâce à plus de 700 indicateurs différents, le site « Ville de rêve » s’est lancé dans une évaluation du surtourisme. Pour l’ensemble de localité métropolitaines (les données manquaient pour l’Outre-mer), quatre éléments ont été passés au peigne fin :
- Le taux de meublés touristiques dans le centre-ville, permettant de renseigner « la part de logements qui ne sont plus disponibles pour les habitants ». Il est calculé à partir du nombre total d’annonces, rapporté au nombre de logements ;
- La prédation des logements, c’est-à-dire la part de studios et T1 récemment mis en ligne sur la plateforme Airbnb dans le centre-ville. Une donnée rapportée au nombre de transactions immobilières pour ce même type d’habitat.
- La proportion de loueurs professionnels, « correspondant au pourcentage d’annonces publiées par une personne gérant au moins trois biens sur Airbnb ». Ce type de loueurs recherche un rendement locatif élevé et privilégie la location touristique de courte durée à la location classique, ce qui raréfie les logements disponibles pour les habitants.
- Le nombre de bars et restaurants par km² dans le centre-ville, assez facile à calculer en divisant le nombre de bars et de restaurants présents par la superficie du centre-ville.
Pour chacun de ces indicateurs, un système de notation est appliqué, avec l’attribution d’une note. De A pour la meilleure, à E pour la pire. En cumulant ces notes, on obtient un score global, censé illustrer l’impact du surtourisme. Avec cette méthodologie, c’est Cannes qui arrive en tête des villes de plus de 50.000 habitants les plus touchées. Suivent Nice et Annecy, puis Antibes et Paris. Les métropoles situées sur la côté méditerranéennes apparaissent particulièrement concernées, Marseille ou Toulon étant également haut placées. À l’inverse, le surtourisme semble épargner des villes telles que Mérignac ou Saint-Maur-des-Fossés. L’Île-de-France, Paris mis à part, se révèle épargnée.
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Lorsque l’on se penche sur les villes de 10.000 à 50.000 habitants, les résultats sont plus surprenants. Arras, Montbéliard ou Épernay figurent ainsi dans le top 5, tandis que Bègles, Rezé, Gaillac ou Carpentras ne font pas face à ce phénomène. Le site « Ville de rêve » note que « la plupart des critères utilisés gravitent autour des logements mis en ligne sur Airbnb (location touristique de courte durée) ». En effet, la densité de logements sur cette plateforme « est un très bon indicateur du surtourisme et de ses impacts sur les habitants : raréfaction de l’offre locative, hausse des loyers et des prix de l’immobilier, nuisances le week-end, désertification du centre hors vacances… » Pour parvenir à disposer de ces données, les administrateurs ont pu bénéficier du soutien du CNHP, le Collectif National des Habitants Permanents (CNHP).
Comme pour tout classement de ce type, quelques limitations apparaissent. Le site ne s’en cache pas et explique par exemple que le fait de se concentrer « sur l’impact sur les centres-villes » peut conduire à « sous-estimer l’impact des locations meublées de courte durée sur les communes rurales, peu denses ou dont les logements sont éclatés ». Par ailleurs, un « effet JO » a été observé « dans le nombre d’annonces publiées sur Airbnb en 2024 en Île-de-France, avec une très forte hausse des publications ». Ce qui peut quelque peu fausser une partie des données dans la région. Cette étude, peut-on lire, « ne vise pas l’exhaustivité », elle incite d’ailleurs à se pencher sur d’autres travaux et publications complémentaires, à commencer par celles de l’Assemblée nationale.
TD