© Shutterstock – La troisième vague d’ouverture à la concurrence dans les transports d’Île-de-France rebat les cartes. Si la RATP limite les pertes, Keolis fait une percée remarquée.
Le mardi 24 juin 2025, la RATP a annoncé avoir remporté 92 des lignes de bus ouvertes à la concurrence dans le cadre de la troisième vague d’attribution organisée par Île-de-France Mobilités (IDFM). L’opérateur historique conserve ainsi environ trois quarts des lignes en jeu, une performance bien meilleure que lors de la vague précédente où elle avait perdu 37 lignes sur 56 au profit notamment de Transdev et de l’opérateur italien ATM.
L’attribution officielle de ces marchés, qui prennent la forme de délégations de service public, reste soumise à la validation du conseil d’administration d’IDFM début juillet.
Keolis s’impose dans le sud parisien
De son côté, Keolis, filiale de la SNCF, s’est vu attribuer 29 lignes de bus, ainsi que le tramway T9 et le futur TZen5, un bus à haut niveau de service entre Paris et Choisy-le-Roi. Le périmètre concerne Ivry-sur-Seine, Vitry-sur-Seine, Orly et les arrondissements sud de Paris.
Ce gain représente 1 700 agents de la RATP transférés vers Keolis, pour un marché pesant environ 190 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.
De gros lots stratégiques pour la RATP
La RATP, par l’intermédiaire de sa filiale Cap Île-de-France, a notamment remporté le deuxième plus gros lot de cette vague : les lignes de bus desservant La Défense et Saint-Cloud. Ce lot inclut :
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38 lignes de bus,
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environ 2 200 agents, dont une centaine en provenance de Transdev,
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et près de 220 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.
Les deux autres lots remportés par Cap Île-de-France représentent chacun autour de 160 millions d’euros annuels.
19 000 salariés concernés par la réforme
L’ouverture à la concurrence, imposée par le droit européen, implique le transfert de quelque 19 000 salariés, dont 15 000 conducteurs de bus actuellement employés par la RATP. Ils seront redéployés chez les nouveaux opérateurs ou au sein de Cap Île-de-France.
Des changements d’organisation du travail sont attendus, notamment en matière de temps de conduite, horaires et rythmes, au cœur des tensions sociales entourant cette réforme.
Pour les usagers, stabilité garantie
Côté usagers, aucune modification n’est à prévoir. Les lignes, les horaires, les tarifs, les cartes Navigo et autres abonnements restent gérés par IDFM et seront maintenus à l’identique. La volonté affichée est de garantir une continuité de service, malgré le changement d’opérateur.
Avec cette troisième vague, la RATP a su limiter la casse dans un processus d’ouverture à la concurrence qui s’annonce de plus en plus structurant pour l’avenir des transports en Île-de-France. Mais la compétition ne fait que commencer : d’autres lots seront mis en jeu dans les mois à venir, et le poids croissant des acteurs comme Keolis, Transdev ou encore RATP Dev pourrait rebattre encore les cartes dans un secteur en pleine mutation.