L’impatience commence à se faire sentir dans les rangs de la droite nantaise. Alors que le parti espérait être fixé en juin, deux prétendants sont toujours en lice. Leur sort pourrait être tranché nationalement le 8 juillet.
Dans un monde idéal, le chef de file LR pour les municipales de 2026 à Nantes aurait dû être désigné au plus tard le 30 juin. En réalité, il n’en est rien. Si une réunion politique est bien prévue ce jour-là, deux candidats nantais se disputent toujours le titre. Or, leur sort ne sera pas tranché lundi prochain. Et en coulisses, l’impatience commence à se faire sentir.
Cette situation pèse d’autant plus qu’une alliance inédite a été annoncée entre les centristes et la droite afin de faire tomber la gauche, au pouvoir dans la cité des Ducs depuis 1989. Côté centre, la conseillère municipale Sarah El Haïry (Modem), ancienne ministre et nommée récemment haut-commissaire à l’enfance, a été choisie. Elle attend maintenant son binôme LR. Julien Bainvel et Foulques Chombart de Lauwe estiment tous les deux être la meilleure option pour la droite et espèrent convaincre avec leur méthode.
Deux styles différents
Le premier à s’être lancé est Foulques Chombart de Lauwe. En octobre 2023, le conseiller municipal a pris de court ses pairs pour lancer sa candidature en solo, convaincu que la droite s’y prenait mal au vu des échecs précédents. «Il faut qu’on soit beaucoup plus disruptif», défend celui qui n’hésite pas à utiliser un ton incisif. Récemment, il a sorti un «Abécédaire d’un amoureux de Nantes» et compte bientôt distribuer dans 40.000 boîtes aux lettres de la ville un fascicule sur les dossiers noirs de Johanna Rolland. «J’ai énormément de gens de la société civile avec moi. Je ne suis pas un professionnel de la politique. Je travaille dans le privé. Le microcosme politique et ceux qui ont une place depuis longtemps sont perturbés car je fais les choses différemment», dit celui qui est élu depuis 2020. Une manière subtile de pointer du doigt son rival Julien Bainvel.
Ce dernier, qui a commencé à travailler dans des cabinets ministériels pendant ses études avant de trouver un poste au département de Loire-Atlantique, présente un profil différent. Conseiller municipal depuis 2008, mais aussi conseiller régional, il a officiellement présenté sa candidature fin avril, en présence de plusieurs maires de la métropole. Sa longévité fait dire à certains qu’il connaît bien les dossiers. «L’état d’esprit des troupes est très bon, d’abord parce qu’on est sur le terrain et parce qu’on est de plus en plus nombreux à y être», raconte-t-il en cette période de campagne. Le LR, qui a quitté son parti de manière éphémère quand Éric Ciotti a scellé une alliance avec Marine le Pen, peut également compter sur le soutien de Laurence Garnier, candidate malheureuse de la droite en 2014 et 2020, ainsi que sur des élus municipaux centristes. Mais pas sur celui de Sarah El Haïry. «La droite doit faire son choix et il faut que le départage entre Foulques et Julien soit juste», déclarait l’intéressée dans les colonnes de Presse Océan en mai. Selon nos informations, elle enchaîne les rendez-vous individuels avec tout le monde.
Verdict le 8 juillet ?
Pour Foulques Chombart de Lauwe, la manière la plus équitable de se départager serait une primaire locale, qu’il défend ardemment depuis le début. Il promet qu’il se pliera aux résultats. En revanche, sans un tel scrutin, il maintiendra sa candidature. Il s’appuie sur les statuts de LR (article 40) qui demandent une «consultation des adhérents concernés» avant toute désignation. Julien Bainvel, lui, s’y refuse et croit davantage au fait qu’il sera adoubé à Paris lors de la commission nationale d’investiture du 8 juillet (CNI).
Cette instance nationale vise à distribuer les investitures dans les villes de plus 30.000 habitants. «On attend d’elle qu’elle détermine les modalités du départage ou qu’elle diffère le sujet au fait de savoir qui sera la tête de liste», confie Laurent Dejoie, président de la fédération LR de Loire-Atlantique. Lui-même, qui défendait jadis une primaire ouverte, ne sait pas ce qu’il va advenir. Une chose est sûre : «j’aurais préféré que les choses se passent plus vite et de manière organisée», soupire-t-il. «Ce qui est ennuyeux dans cette affaire, c’est qu’on a aujourd’hui deux candidats républicains qui vont discuter avec la centriste Sarah El Haïry pour qu’au final, elle soit peut-être chef de file. Est-ce que ça vaut le coup de se bagarrer pour être le numéro 2,3,4…?», s’interroge-t-il. Les modalités d’alliance entre le centre et la droite ne sont en effet pas encore tranchées. L’idée d’un duo Ville-Métropole est à l’étude.
«Globalement dans le département, hormis Nantes où c’est toujours compliqué, les municipales se présentent bien», reprend Laurent Dejoie, ancien maire de Vertou, se voulant rassurant. «Je pense que la droite se regarde trop. On passe trop de temps à parler des personnes», analyse-t-il à propos de la situation nantaise.
Reste que le temps presse et que certains ont cessé d’attendre. À l’image du conseiller municipal Guillaume Richard, qui porte localement les couleurs d’Horizons. Avec son mouvement NAO, il est entré dans la danse pour faire bouger les lignes: «Le rassemblement prend plus de temps que prévu donc on est partis en campagne. Il est temps d’expliquer ce qu’on veut faire, comment on va le faire, et pourquoi ça va marcher.»