Un professeur engagé. Voilà comment définiraient ceux qui ont évolué aux côtés de Jamel Jebabli. Après des années de service au sein de l’Éducation nationale, le professeur d’EPS au collège Maurice Jaubert de l’Ariane a donné son dernier cours avant de prendre sa retraite.
Ce jeudi 19 juin, les élèves et les enseignants lui avaient réservé une surprise. « C’était beaucoup d’émotions. Les élèves n‘ont rien dit, je n’étais pas au courant. J’ai ouvert la porte du gymnase et là, une grande haie d’honneur avec tout un parcours. Il y avait des élèves, les collègues, les agents. C’était énorme ». « À chaque fois que je regarde la vidéo, j’en ai les larmes aux yeux », s’émeut Audrey Pons, professeur d’anglais. Elle voit en Jamel Jebabli « un enseignant au grand cœur ».
À l’Ariane depuis 1998
Jamel Jebabli, devant la salle qui porte désormais son nom au collège Maurice-Jaubert. Photo Cyril Dodergny.
Né en 1957, il fait du sport dès son plus jeune âge, du football à l’athlétisme. Puis, il intègre la fac de sport en Tunisie avant d’arriver en France en 1978 pour poursuivre ses études. Au début de sa vie professionnelle, il navigue entre une dizaine d’établissements en région parisienne en tant que maitre-auxiliaire. Puis il passe le concours et devient officiellement professeur.
Il exerçait à l’Ariane depuis 1998, avec toujours un même objectif: « l’engagement auprès des élèves. D’abord pour développer la pratique sportive, mais aussi les aider et les emmener vers la réussite scolaire », précise Jamel Jebabli. Un de ses chevaux de bataille: l’égalité filles-garçons, avec la mise en place d’une section féminine de football au collège. « C’était la première dans l’académie de Nice », se réjouit le professeur. Cette section se poursuit. « Une de mes étudiantes a été sélectionnée en équipe du Maroc », vente fièrement Jamel Jebabli.
En 2007, il a également créé, à l’aide d’un collègue, la classe jeunes sapeurs-pompiers. « Une première dans l’Éducation nationale. Au départ, il y avait des réticences à faire entrer l’uniforme au collège. Mais on m’a donné la chance de tester », se réjouit le professeur d’EPS, décoré des palmes académiques. Un projet qui s’est ensuite poursuivi avec la classe Citoyenneté.
« J’ai donné tout mon cœur à ce collège »
Jamel Jebabli entouré de ses collègues enseignants. Photo Marjorie Lalane.
« Il a eu mille vies. Il ne se rend pas compte de l’impact qu’il a sur nos enfants », sourit Kheira Ghoulame, parent d’élève. « J’ai donné tout mon cœur à ce collège et j’étais habité par ces projets. Les élèves ont appris le respect de l’autorité, la solidarité », poursuit Jamel Jebabli. Chaque année, il a conduit ses élèves à donner le meilleur d’eux-mêmes et à se dépasser. « Jamel, c’est le grand frère autoritaire dont chaque élève peut rêver. Un formateur de citoyens, un repère. Il a fait aimer la France à nos enfants », poursuit Kheira Ghoulame.
Formateur des professeurs stagiaires, il leur montrait la réalité du terrain dans un établissement classé en REP (réseau d’éducation prioritaire), gagnant le respect des élèves « Pas par la sanction, mais par une autorité naturelle, des règles fixées dès le départ et du dialogue. Ils savaient que j’étais droit avec eux », assure l’enseignement d’EPS. D’après lui, le métier de professeur est devenu difficile, en raison de changements sociétaux et d’une disparité de niveaux de plus en plus forte.
Le bureau d’EPS à son nom
En signe de remerciement pour son engagement, l’établissement a baptisé le bureau d’EPS au nom de l’enseignant et fait poser une plaque. « Je dis merci à ma femme parce qu’elle m’a supporté. Elle a été d’une grande patience et m’a toujours encouragé », reconnaît Jamel Jebabli. Désormais en retraite, il va profiter. « Il y a un pincement de cœur parce que j’avais un attachement profond pour ce collège, les élèves et les enfants de l’Ariane. Mais il y a une relève », se rassure-t-il. Il a déjà prévu son programme de retraité: « repos à la maison, promenades, randonnées dans l’arrière-pays et du bénévolat. Mais toujours debout à 5h30! », sourit l’enseignant.