Par
Lisa Rodrigues
Publié le
26 juin 2025 à 16h56
La combe de Gières est réputée dangereuse pour les vélos. Grenoble-Alpes Métropole souhaite créer des aménagements cyclables, pas suffisants pour ce collectif d’habitants. (©Facebook Collectif pour l’aménagement cyclable de la Combe de Gières)
La RD524 – ou combe de Gières – entre Saint-Martin-d’Uriage et Gières, c’est près de 14 000 véhicules et plus de 200 vélos par jour. Un axe majeur pour les habitants de ces communes souhaitant se rendre sur Grenoble, qui connaît depuis quelques mois des travaux d’ampleur de la part du Département de l’Isère et de Grenoble-Alpes Métropole.
Cette dernière va enclencher prochainement une nouvelle phase du chantier, en créant des aménagements cyclables. Aménagements jugés insuffisants pour le collectif Uriage à vélo, qui depuis 10 ans réclame davantage de sécurité pour les cyclistes et un meilleur partage de la route avec les voitures.
Cliquez ici pour visualiser le contenu
Une route accidentogène
La portion problématique est celle entre la SPA du Dauphiné et Gières, exploitée par la Métropole. Actuellement, seule une bande cyclable dans le sens de la montée existe. « Il n’y a rien pour descendre », soupire Éric Muzy, cycliste et membre du collectif Uriage à vélo.
On a fait un sondage : si des aménagements étaient faits, 800 personnes seraient prêtes à prendre leur vélo. Il y a du potentiel ! Mais ils ne le font pas, car la route est trop dangereuse.
Éric Muzy
Cycliste et membre du collectif Uriage à vélo
Plusieurs accidents mortels de cyclistes ont d’ailleurs eu lieu ces dernières années sur la combe de Gières. Ce qui ne rassure pas nombre d’habitués du vélo, comme Nathalie Mey, habitante de Saint-Martin-d’Uriage, qui a partagé en mai 2023 ses craintes à actu Grenoble. « Je ne suis pas à l’aise lorsque mes enfants veulent prendre cette route. Donc, je leur dis systématiquement non. »
Le projet de la Métropole
Selon un document datant d’octobre 2024 disponible sur la plateforme participative de la Métropole, les travaux de la combe de Gières – qui doivent démarrer en 2025 – prévoient une piste cyclable séparée de la voirie par une bordure dans le sens de la montée.
Dans le sens de la descente, les aménagements sont mixtes :
- Sur une première partie de l’avenue de la Combe (jusqu’à la sortie de Gières), une « bande cyclable » mixte piétons et vélos avec une petite bordure est prévue. La circulation pour les voitures sera limitée à 30 km/h.
- Sur une deuxième partie, la même bande cyclable sera réservée uniquement aux vélos, séparée du reste de la voirie par un marquage au sol. La limitation de vitesse pour les voitures sera de 50 km/h.
- Enfin, sur la dernière partie du tronçon, les cyclistes partageront la chaussée avec les voitures, qui seront toujours limitées à 50 km/h.
La portion de la RD 524 gérée par le Département verra, elle, une bande cyclable séparée de la route par un marquage au sol en descente tout au long du trajet. En montée, on retrouvera la piste cyclable avec une bordure de séparation.
Contactée, Grenoble-Alpes Métropole n’a pas répondu aux sollicitations de la rédaction sur le sujet.
La solution proposée par le collectif
Un scénario qui ne convainc pas le collectif Uriage à vélo. « Le muret de la piste cyclable montante rétrécit la voie pour les voitures. Elles vont se déporter encore plus pour doubler et ça sera encore plus dangereux pour la descente », souligne Éric Muzy
Ils ont une solution de secours : diviser par deux la piste cyclable prévue en montée pour faire deux bandes cyclables – une dans chaque sens – avec un marquage au sol renforcé et un enrobage de couleur différente de la voirie pour les automobilistes.
« Même si elles ne sont pas larges, au moins, on aurait des espaces pour les vélos », glisse le membre du collectif. L’idéal aurait été d’élargir la route, « mais on conçoit que ça coûte cher ».
« Nous avons une expertise d’usage »
En 2024, le collectif lance une pétition citoyenne pour réclamer des aménagements sécurisés pour les cyclistes sur la RD 524. La pétition obtient suffisamment de signatures pour être retenue par la Métropole, qui lance un panel citoyen pour réfléchir au sujet.
« Le panel a fait des recommandations intéressantes, mais rien n’a changé ensuite dans le projet de la Métropole », lâche Éric Muzy, qui déplore un manque d’écoute de la collectivité. « Ils refusent de nous entendre, alors que nous avons une expertise d’usage. Lors de la réunion publique, quand les élus ont présenté leur projet aux citoyens, ils ne savaient même pas où avaient eu lieu les accidents mortels ! »
Le collectif a donc envoyé il y a quelques jours une lettre ouverte à Grenoble-Alpes Métropole, consultée par la rédaction, plaidant pour « revoir ce projet pour éviter de futurs drames évitables ». « On ne sait plus trop quoi faire, mais on ne va pas baisser les bras », assure Éric Muzy.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.