Inauguré en juin 2023, le site d’Envie Loire dans le quartier du Soleil est menacé de fermeture. En cause, le placement en redressement judiciaire de l’association Envie Rhône-Alpes le 29 avril dernier par le tribunal des activités économiques de Lyon. À noter que les autres structures du groupe ne sont pas concernées par cette crise financière.
L’acteur du réemploi, de la collecte, et du recyclage d’équipements électriques et électroniques dans la région Auvergne Rhône-Alpes avait pourtant investi 4 millions d’euros sur ce site flambant neuf qui se voulait pilote sur la région, affichant de grandes ambitions. Il visait à l’époque un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros sous trois ans, avec le doublement de l’effectif salarié.
Envie Rhône-Alpes : 40 postes en péril à Saint-Étienne
Sauf que la filière ne s’est pas développée comme prévu. Si Guido Locatelli, son directeur, veut rester combatif avec un plan de restructuration qui vise un retour à l’équilibre en 2026, il évoque « un marché du réemploi qui se restructure suite à la loi Agec qui a fait intervenir de nouveaux acteurs. Nous avions fait le choix d’investir massivement alors que le modèle économique s’est dégradé. »
Une situation qui pourrait avoir un impact sur l’emploi avec la suppression de 40 postes à Saint-Étienne, (130 au total avec les sites de Villeurbanne et Grenoble) en raison de coûts de structure trop importants par rapport au niveau de développement.
« On avait prévu de faire x2 voire x3 en termes de chiffre d’affaires, mais il ne s’est pas développé. On fait tout pour garder le site de Saint-Étienne ouvert, et on ira jusqu’au bout pour éviter la fermeture. » Dans cet objectif, le plan de restructuration prévoit des réductions de poste et une optimisations des processus de production pour améliorer la rentabilité.
« Faire le dos et tenir le temps qu’il faut « , Guido Locatelli, Envie Rhône-Alpes
Pour l’heure, l’association est entrée dans une période d’observation de six mois qui pourra être renouvelée une fois. Si le directeur continue de croire en son modèle économique à fort impact social et environnemental, il redoute que la concurrence de nouveaux acteurs ne mette l’association en difficulté et ne lui laisse pas le temps de trouver sa place une fois que le marché sera stabilisé. « Il faut faire le dos rond et tenir le temps qu’il faut. »
Cette nouvelle concurrence est constituée de start-up qui ont opéré des levées de fonds « mais qui ne sont pas des structures d’insertion », précise Guido Locatelli, mais aussi la grande distribution qui récupère maintenant « la crème du gisement », c’est-à-dire les appareils en panne ou obsolètes, « même si elle reste un soutien », tempère le directeur.
Les postes en insertion particulièrement menacés
Aux difficultés de la structuration de ce marché, s’ajoutent celles liées à la baisse du pouvoir d’achat avec une stagnation des prix de vente des équipements reconditionnés conjuguée à la hausse des coûts du travail (Smic) et de l’énergie. Si rien n’est complètement acté pour l’heure, les réductions de poste ont débuté et les départs ne sont plus remplacés.
« Un prix à payer pour maintenir nos différents sites », argumente Guido Locatelli qui a alerté les collectivités et élus d’un arrêt possible de l’activité. En région, 130 postes sont menacés. La majorité des postes réduits seront ceux en insertion avec en sus, quelques postes de salariés permanents.
L’association présente sur sept sites dans trois départements (Loire, Isère et Rhône) rénove 10 000 appareils électroménagers par an, ce qui représente 500 tonnes de déchets évités et 3 000 tonnes d’émission de CO2 évitées par an.
Benoît Hamon en visite chez Envie Rhône-Alpes à Saint-Étienne © Stéphanie Véron – Benoît Hamon à la rencontre des salariés d’Envie Rhône-Alpes à Saint-Etienne.
L’ex-ministre et président actuel d’ESS France était en visite sur le site stéphanois d’Envie Rhône-Alpes à l’appel des forces socialistes du territoire, ce jeudi 26 juin. Il a fait le tour de l’atelier (1 100 m²), du magasin (200 m²) et de la logistique ( 900 m²) allant à la rencontre des salariés qui avaient prolongé leur temps de travail pour l’accueillir.