Après deux enquêteurs et un officier, c’est au tour des commissaires à la tête de l’antenne Ofast de Marseille d’être inquiétés par la justice dans le cadre de l’affaire « Trident ».

Illustration Florent BONNEFOI

Sixième mise en examen dans le dossier « Trident », cette affaire de livraison surveillée de plusieurs centaines de kilos de cocaïne à Marseille, qui devait permettre à l’Office antistupéfiants de ferrer une figure majeure du narcotrafic, au printemps 2023, mais avait viré au fiasco. Après l’incarcération de deux indics et de deux policiers du groupe d’enquête en charge du dossier, puis la mise en examen du chef de groupe, un capitaine de police, placé sous contrôle judiciaire le moins dernier, c’est au tour des deux chefs de l’antenne Ofast de Marseille d’être inquiétés par la justice.

Des anomalies signalées en janvier 2024

La patronne du service, une commissaire divisionnaire, ainsi que son adjoint, ont été convoqués à Paris le matin du 23 juin 2025 par l’IGPN en vue de leur audition en garde à vue. En janvier 2024, ils avaient eux-mêmes signalé des anomalies dans le cadre du dossier Trident à leur hiérarchie, entraînant l’ouverture d’une enquête par le parquet de Marseille, finalement dépaysée à Paris et reprise par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco).

Déférée devant les magistrats instructeurs de la Junalco, la responsable de l’antenne Ofast, qui conteste toute infraction pénale, a finalement été remise en liberté mercredi soir, mais placée sous contrôle judiciaire après avoir été mise en examen pour « faux en écriture publique par personne dépositaire de l’autorité publique » et « atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l’image et des paroles d’une personne », selon les informations de nos confrères du Parisien, confirmées de sources proches du dossier.

« Après deux jours de garde à vue, ma cliente cheffe de l’Ofast Marseille n’est ni mise en examen pour corruption, ni mise en examen pour trafic de cocaïne, ni mise en examen pour importation de stupéfiants en bande organisée. Sa garde à vue a permis de lever les doutes sur l’absence de connaissance – et donc de validation – hiérarchique du déroulement réel du dossier Trident, a précisé l’avocat de la commissaire Me Louis Cailliez, à nos confrères du Parisien. Tel est également le cas de certaines pratiques de ses effectifs, combattues et dénoncées par elle, et pour lesquelles elle a pourtant été mise en examen. Elle conteste vigoureusement toute infraction pénale de sa part et défendra son honneur et sa probité en dépit des tentatives d’instrumentalisation de ce dossier. »

Après une troisième nuit de garde à vue, son adjoint, commissaire également, a été déféré devant les juges d’instruction ce jeudi matin, en vue d’une vraisemblable mise en examen également.