Avoir un passé d’humoriste rend capable de produire prouesses dans des moments inattendus. Tard, très tard, mercredi soir à Strasbourg, Volodymyr Zelensky, qui sortait d’une succession de rendez-vous au sommet de l’Otan (y compris avec Donald Trump) et dont on sait le quotidien épuisant depuis plus de trois ans, est parvenu à être celui qui fait rire et encourage son auditoire.
Dans l’hémicycle vibrant comme rarement du Conseil de l’Europe, lors d’une séance de questions-réponses très enlevée avec les parlementaires des 46 États membres, le président ukrainien a appelé les Européens à se mobiliser pleinement. Pour soutenir l’Ukraine alors que le conflit s’intensifie encore, évidemment. Mais aussi et surtout pour se préserver eux-mêmes : « Ne perdons pas notre unité. Notre continent est celui de la véritable humanité, de la véritable paix. Si Poutine réussit à diviser l’Europe alors il l’occupera, il détruira nos valeurs et nos pays. L’Ukraine n’est pas la seule en jeu. »
36 ans après Gorbatchev, au même endroit
Dans ce même hémicycle, en juillet 1989, celui qui deviendra le dernier dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, appelait l’Ouest à construire avec l’Est une « maison commune européenne ». 36 ans après ce discours symbole du début de la fin de la Guerre froide, la visite de Zelensky à Strasbourg pour créer un tribunal spécial pour juger Poutine et ses adjoints est venue acter symboliquement la destruction de cette « maison ».
Quelques heures après sa rencontre avec Donald Trump, Zelensky a toutefois pris soin d’éviter que d’autres fissures ne s’aggravent : « Nous avons besoin d’établir des liens forts avec Donald Trump. Il faut l’unité de l’Europe avec les États-Unis. » Mais ces derniers, en mars dernier, se sont retirés du groupe d’experts sur la création du tribunal spécial…