C’est un accident d’une violence inouïe, qui est survenu peu avant 7 heures ce jeudi 26 juin sur l’autoroute A8, à hauteur de Mandelieu-la-Napoule.
Une collision frontale entre deux véhicules a coûté la vie à trois personnes, dont deux jeunes infirmières, mères de famille.
Une quatrième victime a été évacuée en urgence absolue.
Les premières constatations ont permis de retrouver plusieurs bouteilles de protoxyde d’azote un gaz utilisé à l’origine dans les siphons à chantilly ou en anesthésie – à l’intérieur du véhicule incriminé.
À ce stade, rien ne permet d’affirmer que le conducteur en avait consommé au moment de l’impact.
Mais ces éléments remettent en lumière les dangers associés à ce produit détourné de son usage initial.
Inhalé, le protoxyde d’azote provoque une euphorie passagère, une sensation de légèreté, voire des hallucinations.
On le surnomme « gaz hilarant ». Derrière cette appellation anodine se cachent des effets secondaires préoccupants: troubles neurologiques, vertiges, perte de conscience, mais aussi désinhibition totale pouvant mener à des conduites à risque.
Ce n’est pas la première fois que le gaz est mentionné dans une affaire dramatique. En 2022, un sapeur-pompier niçois, Jérémie Boulon, avait été mortellement percuté par un conducteur sous protoxyde d’azote.
Depuis, les alertes se multiplient.
Problème: le cadre juridique autour du protoxyde d’azote est extrêmement flou. Bien qu’en début d’année, l’Assemblée avait voté l’interdiction de vente aux particuliers, les contrôles restent rares et les sanctions très limitées.
Surtout, la loi ne prévoit pas aujourd’hui de sanction spécifique pour la conduite sous protoxyde d’azote, contrairement à l’alcool ou aux stupéfiants.
Et tant que la consommation n’est pas avérée au moment de l’accident, la justice ne peut s’appuyer que sur des infractions générales, comme la mise en danger de la vie d’autrui.
Une réponse politique attendue
Pour Alexandra Borchio Fontimp, sénatrice des Alpes-Maritimes, cette situation n’est plus tenable.
Dans un communiqué transmis après le drame de Mandelieu, l’élue appelle à « sanctionner la conduite sous l’emprise de protoxyde d’azote et ce, même en l’absence d’accident », rappelant qu’elle a cosigné une proposition de loi visant à reconnaître ce type de conduite comme un délit en soi.
« Il est nécessaire de faire évoluer la législation », plaide-t-elle, réclamant des restrictions plus fermes sur l’accès et la distribution de ces bonbonnes, vendues librement en ligne ou dans des commerces de proximité.
Son texte doit être examiné en seconde lecture au Sénat dans les prochains jours, dans le cadre plus large du projet de loi visant à créer la notion d’homicide routier.
Mais en l’état actuel du droit, les familles endeuillées risquent de ne jamais obtenir justice sur la base d’une consommation de gaz hilarant, si celle-ci venait à être confirmée.