Par

Jade Lacroix

Publié le

25 juin 2025 à 12h07

L’épidémie de rougeole a touché environ 700 personnes en France depuis début 2025, dépassant déjà le bilan de 2024, a souligné lundi 23 juin 2025 Santé publique France, dans un contexte de résurgence mondiale de cette maladie contagieuse liée notamment à un affaiblissement de la vaccination.

Une maladie qui peut être grave, voire mortelle

La rougeole est une maladie virale éruptive, comme l’explique pour actu.fr Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève.

Selon l’OMS, la rougeole est même l’une des maladies les plus contagieuses au monde. Elle se propage par voie aérienne, c’est-à-dire lorsqu’une personne infectée respire, tousse ou éternue.

Elle provoque des éruptions cutanées « qui descendent de la tête et du cou vers les mains et les pieds pendant environ une semaine à dix jours lorsqu’il n’y a pas de complications ».

Les patients ont des symptômes de l’arbre respiratoire supérieur, avec une fièvre élevée parfois cause de convulsions fébriles chez le nourrisson, une toux, une conjonctivite, une rhinorrhée…

Professeur Antoine Flahault
Epidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève

Vidéos : en ce moment sur ActuDes complications possibles

Et la rougeole, comme beaucoup d’autres maladies, peut entraîner des complications. Les plus fréquentes – mais aussi les moins graves – sont les otites, les laryngites et les diarrhées.

Certaines complications sont plus dangereuses. « Des risques de pneumonies (6 % des cas), d’encéphalites aiguës et de kératoconjonctivites avec risque de cécité ultérieure sont possibles et plus fréquents en cas d’immunodépression », alerte le professeur Antoine Flahault.

Et pour les femmes enceintes qui vont bientôt accoucher, contracter la rougeole représente un vrai risque tant pour la femme que pour le fœtus.

Des cas qui explosent en 2025

Les contaminations, qui peuvent donc être dangereuses, explosent en France cette année. Entre début janvier et la fin mai 2025, 658 cas de rougeole ont été rapportés. C’est un tiers de plus qu’en 2024, chiffre Santé publique France.

Sur ces près de 700 cas, 222 peuvent être considérés comme des formes graves potentielles, puisque les malades se sont rendus aux urgences ou ont été hospitalisés. Cela représente 33 % des contaminations.

« Deux décès (3 pour 1000 cas de rougeole) sont à déplorer, ils sont survenus chez des personnes immunodéprimées », continue l’épidémiologiste qui ajoute que depuis le début de l’année, cette maladie s’est révélée trois fois plus souvent mortelle que la grippe.

Si la grippe tue des personnes très âgées, la rougeole tue essentiellement des nourrissons, le plus souvent de moins d’un an.

Professeur Antoine Flahault
Epidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève

Attention, car cette maladie dangereuse se propage partout en France : elle a été détectée dans 60 départements français. « La moitié des cas sont rapportés dans les départements suivants : le Nord avec 117 cas, les Bouches-du-Rhône avec 50, l’Isère et la Haute-Savoie (39 cas chacun), Paris (25), la Seine-Saint-Denis (22), le Pas-de-Calais (22) et le Val-d’Oise (20) », précise le professeur. Pour le moment, aucun cas n’a été rapporté en Outre-Mer.

À noter que la maladie peut toucher les adultes et les enfants :

La population la plus touchée est celle qui n’est pas vaccinée contre la rougeole : les nourrissons avant un an et toutes les personnes qui n’ont pas été correctement vaccinées.

Professeur Antoine Flahault
Epidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève

Pourquoi une telle hausse des cas ?

Car c’est bien la vaccination qui protège de la rougeole. « La rougeole est une maladie que l’on peut entièrement prévenir par la vaccination », insiste l’épidémiologiste.

Comme nous le disions, cette maladie est extrêmement contagieuse. Il faudrait donc parvenir à vacciner 95 % de la population si l’on veut viser l’élimination de la rougeole sur le territoire, selon le professeur.

On est proche de cette couverture vaccinale chez les nourrissons en France, mais on n’est plus qu’à 33 % de couverture (deux doses) chez les moins de 44 ans […] Le virus circule alors dans les poches de populations non vaccinées car réticentes au vaccin, qui sont de plus en plus nombreuses actuellement.

Professeur Antoine Flahault
Epidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève

Selon l’épidémiologiste, ce sont bien les mouvements anti-vax qui sont responsables de cette baisse de la couverture vaccinale. « Ils ont répandu leurs théories fausses et leurs rumeurs infondées prétendant un risque hypothétique du vaccin, influençant une partie croissante de la population qui a fini par rejeter la vaccination avec les dégâts que l’on constate aujourd’hui », déplore l’expert.

Cette maladie repart donc à la hausse, pas seulement en France, mais aussi dans le reste de l’Europe et en Amérique du Nord également touché par cette désinformation. La rougeole circule alors entre les pays par les flux de personnes.

« Les voyages à l’étranger et le contact avec des touristes atteints peuvent contribuer aussi à la réintroduction du virus sur le territoire national », ajoute Antoine Flahault. D’après lui, 14 % des cas sont liés à un voyage récent à l’étranger.

Se vacciner pour se protéger

Le professeur Antoine Flahault insiste donc, « la vaccination contre la rougeole est sûre et efficace ».

Elle est d’ailleurs tellement efficace que dans les années 2000, l’OMS envisageait son éradication de l’humanité et que les Amériques (celles du nord, du sud et centrale) n’avaient plus un seul cas autochtone de rougeole sur leur immense territoire. 

Professeur Antoine Flahault
Epidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève

Pour se protéger, il faut se vacciner. Le vaccin ROR est « administré gratuitement, en deux injections, la première à l’âge de 12 mois et le rappel à 18 mois », rappelle l’épidémiologiste.

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