Il y a des silences qui sont plus pesants que d’autres. Celui de Pierre-Louis Castelli, figure incontournable du journalisme sportif et niçois, est douloureux. L’homme de 74 ans s’est éteint d’une longue maladie et laisse derrière lui des oreilles orphelines car « Casto », comme il était gentiment surnommé par les siens, a été la voix des sports à Radio France pendant plus de 30 ans, il avait également dirigé le service reportages de France Inter.

Jacques Vendroux: « J’étais le feu, il était la sagesse »

Passionné de voile, il avait travaillé dans l’organisation du Vendée Globe, un milieu qui le fascinait. Ébahi par ces aventuriers de l’impossible, tout comme les alpinistes, il avait participé à une traversée transatlantique avec Roland Jourdain au retour d’une Route du Rhum. Une marque de confiance du navigateur envers celui qui a rendu la voile accessible. Les auditeurs n’ont pas oublié sa manière d’échanger avec les marins du Vendée Globe lors des « vacations » organisées entre les aventuriers et le centre de commandement parisien. Une conversation simple, en libre écoute, qui permettait de mesurer toute l’humanité et l’envie de transmettre de Castelli.

Né à Nice, où il aura fait ses études, c’est en terre azuréenne qu’il aura terminé sa brillante carrière, à la tête de France Bleu Azur puis, après un retour à France Inter, comme enseignant à l’école de journalisme de Nice.

« C’était un mec en or, détaille Philippe Camps, ancien responsable du service des sports de Nice-Matin et plume inoubliable. Un vrai pro, compétent. Et c’était un beau mec, décontracté, il avait tout pour lui et notamment cette voix incroyable pour faire de la radio ».

Aventurier, amoureux de cyclisme et de football, il avait notamment commenté le sacre de l’équipe de France de football en 1998 sur les ondes de Radio France avec son ami de longue date Jacques Vendroux. « J’ai commenté tous les grands moments du football avec lui, se remémore Vendroux, aujourd’hui sur les ondes d’Europe 1. C’était le meilleur, j’étais lui, il était moi, on se comprenait sans un mot. Il détestait que l’on parle de lui, j’étais le feu, il était la sagesse. Je n’ai jamais retrouvé une telle osmose avec un autre sur les ondes ». Pendant 20 ans, les deux hommes commentent le football, y compris la finale du Mondial 98, l’apothéose d’une carrière. « L’après-midi du match, je téléphone à Alain Delon et je lui demande s’il accepte de venir avec nous en tribune de presse pour les cinq dernières minutes si on mène trois-zéro, il me donne sa parole d’honneur, se souvient Vendroux. Et quand je le vois arriver à notre niveau à la 85, Casto me regarde, tout rouge, et me demande: “Mais c’est Delon? Il va venir commenter la fin du match avec nous? » ».

Dans les couloirs de la Maison de la Radio, Castelli se rapproche d’une autre signature vocale bien connue des auditeurs sportifs, Fabrice Abgrall.  » Je découvre le service des sports en 1992 et il n’y a que des monstres sacrés dont Pierre-Louis, rembobine Abgrall. Il a toujours fait attention aux nouveaux, c’était quelqu’un de généreux, de profondément gentil, avec une humilité presque maladive. Quand on partait en reportage avec lui, on était en sécurité, poursuit le journaliste. Il avait un sens de l’improvisation dingue, il pouvait tout commenter. C’était juste un mec bien et on lui doit tous quelque chose à Radio France ».

Ses obsèques seront célébrées mardi 1er juillet à 11 h à l’Athanée de Nice, où ceux qui souhaitent lui rendre un dernier hommage sont les bienvenus. Sans fleurs : ses proches invitent plutôt à faire un don pour l’association de l’Hôpital Universitaire Pitié-Salpêtrière à Paris. Il devrait être inhumé dans la plus stricte intimité, dans le caveau familial de Cap-d’Ail.