Le centre de rétention administrative (CRA) pourrait définitivement quitter le quartier Saint-Roch/Vauban à Nice. C’est pourtant là que les gouvernements précédents envisageaient de l’agrandir. Sur site, au sein de la caserne Auvare. De 40 places, il était envisagé d’en créer 100 de plus.
Un transfert et un agrandissement à Grasse
Mais Bruno Retailleau semble avoir sifflé la fin de partie. Dans un courrier de réponse adressé au député UDR Éric Ciotti, le ministre de l’intérieur révèle que la piste d’une délocalisation du CRA est à l’étude à Grasse, à proximité du site de la maison d’arrêt (notre édition d’hier). « Je resterai pleinement mobilisé jusqu’à la concrétisation de ce projet », a asséné le candidat putatif à la mairie de Nice.
Un centre de rétention pour étrangers implanté en plein cœur de la ville « est une aberration à la fois sécuritaire et urbanistique », n’a cessé de dénoncer l’allié du Rassemblement national. « Son extension aurait été un non-sens absolu. Dès l’origine, je m’y suis opposé avec la plus grande fermeté », dit encore Éric Ciotti. Qui se félicite du possible déménagement au sein de l’autre capitale judiciaire du département: « C’est une décision de bon sens, pour laquelle je milite depuis longtemps: soulager les riverains [d’Auvare] et adapter nos moyens de rétention à l’ampleur des enjeux ».
Aucun dossier instruit pour un local temporaire
Le centre de rétention niçois est le seul du département, constamment surchargé et vétuste. Les CRA servent à « retenir », par privation de liberté, les personnes étrangères, sous le coup d’une OQTF, une obligation de quitter le territoire français.
Tellement surchargé que la Ville de Nice avait envisagé de mettre à disposition un local municipal afin de créer un CRA temporaire. Trois lieux étaient identifiés, à proximité du lieu actuel. Mais, « aucun dossier d’installation de LRA n’est instruit par les services de la préfecture des Alpes-Maritimes », a confié Bruno Retailleau dans son courrier à Éric Ciotti.
« Un parc », « un groupe scolaire », mais pas un complexe sportif
Dans le quartier Vauban, les habitants poussent un ouf de soulagement. Alors que le ministre de l’Intérieur de l’époque, Gérald Darmanin, laissait entendre que la piste d’un agrandissement et d’un maintien sur place était l’option privilégiée, ils avaient fait circuler une pétition fin 2023. « On l’a fait parvenir avec les 2.500 signatures à l’ancien préfet, on n’a jamais eu de réponse! », grogne Chantal Giordan, qui réside non loin du CRA. « On se réjouit de l’annonce de M. Retailleau », précise la septuagénaire qui administre la page Facebook « Tu sais que tu viens de Saint-Roch ».
« Maintenant, on veut se battre pour qu’à la place de la caserne Auvare et du CRA il y ait un groupe scolaire et pas un complexe sportif comme l’a annoncé Christian Estrosi », ajoute-t-elle. L’ensemble des services de police abrité à Auvare vont déménager au super-commissariat qui va ouvrir ses portes, normalement à la fin de l’année ou au début 2026, au sein de l’ex-hôpital Saint-Roch, entièrement réaménagé pour accueillir les forces de police nationale et municipale.
Pierre Donat dont l’appartement donne sur le centre de rétention abonde: « ça faisait peur d’avoir ça près de chez nous, il y a eu des évasions. On est contents de se débarrasser du CRA et du commissariat qui draine souvent une mauvaise population ».
Le grand centre omnisports – baskets, hand, volley, boxe, danse, badminton – à l’étude par la Ville (1) sur l’emprise de plusieurs hectares qu’elle veut acquérir n’a pas non plus son assentiment. « Ça va faire du bruit, du mouvement de voitures. Et il n’y a pas assez de stationnements dans le quartier », râle le retraité. Qui plaide, lui, pour un « parc avec des bancs ».
1. Une consultation est ouverte sur la plateforme en ligne Jeparticipe.fr « Et si la caserne Auvare devenait une grande salle omnisports? »