Selon la procureure Christy Slavik, P. Diddy a usé « du pouvoir, de la violence et de la peur » pour pousser d’anciennes petites amies à participer sans leur consentement à des marathons sexuels. Agé de 55 ans, le magnat du hip-hop est accusé d’avoir forcé des femmes à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués. Notamment son ex-petite amie de 2007 à 2018, la chanteuse Cassie, et une petite amie plus récente qui a témoigné sous le pseudonyme de Jane. Son procès, à New York, entre dans la dernière ligne droite. Il encourt la prison à vie.

Après des semaines de témoignages souvent bouleversants, les parties présentaient leurs derniers arguments jeudi dans le procès pour trafic sexuel du fondateur du label Bad Boy Records, Sean Combs de son vrai nom. La fortune du rappeur, producteur et hommes d’affaires, est évaluée à environ 700 millions de dollars par le magazine spécialisé Forbes.

« Il ne s’agissait absolument pas de choix libres »

Selon l’accusation, les employés de P. Diddy devaient notamment livrer de la drogue aux victimes pour obtenir leur soumission et leur silence. « Il ne s’agissait absolument pas de choix libres », a martelé la procureure, précisant que les victimes présumées « étaient droguées, badigeonnées d’huile, épuisées et avaient mal ». Le rappeur a plaidé non coupable et sa défense soutient que ces femmes participaient de leur plein gré à ces « freak-offs », ou marathons sexuels, avec d’autres hommes, voire qu’elles témoignaient contre P. Diddy par jalousie ou pour l’appât du gain.

La procureure a évoqué l’immense contrôle qu’il exerçait sur « Cassie », les loyers payés pour Jane, et donc sa dépendance financière, et comment il a menacé de détruire leur réputation s’il diffusait les vidéos de ces actes sexuels avec des prostitués hommes. Une vidéo capturée en mars 2016 par une caméra de surveillance d’un hôtel chic de Los Angeles, diffusée par CNN l’an dernier, montre P. Diddy traîner Cassie au sol et lui porter plusieurs coups, puis lui arracher son téléphone des mains.

La défense doit plaider vendredi. P. Diddy a choisi de ne pas témoigner, et ses avocats vont tenter de semer un doute raisonnable chez les membres du jury. Les procureurs ont présenté des milliers de pages de transcriptions de conversations téléphoniques ou d’échanges de SMS qui semblent témoigner de la détresse des victimes présumées. Mais des messages de désir et d’affection ont été aussi retranscrits et utilisés par la défense à de nombreuses reprises.

Notre dossier sur P. Diddy

Les jurés ont visionné des vidéos de ces marathons sexuels, qualifiés de criminels par les procureurs, mais présentés comme consentis et participant d’un mode de vie « polyamoureux » par la défense de P. Diddy. Les procureurs ont aussi présenté de nombreux documents financiers, notamment des paiements effectués via l’application Cash App à des prostitués masculins et des relevés de chambres d’hôtel et de trajets en avion, visant à prouver le transport de personnes à des fins sexuelles.