La remise en question du télétravail continue. Un mouvement de retour forcé au bureau initié dans un premier temps par de grandes entreprises américaines, comme Amazon ou SpaceX, mais qui s’exporte de plus en plus en France. C’est le cas à la Société générale, où un préavis de grève a été déposé pour ce vendredi 27 juin. En cause : la décision de la direction d’obliger tous les salariés de l’entreprise à revenir sur leur lieu de travail au moins quatre jours par semaine, contre trois jusqu’à présent.
Dans un mail interne envoyé jeudi 19 juin, que Libération a pu consulter, le directeur général de la Société générale, Slawomir Krupa, explique avoir pris cette décision pour «harmoniser les pratiques de travail». Il justifie également son choix par une volonté d’«accélérer la transformation du groupe, favoriser son développement et améliorer sa performance».
Un choix qui a provoqué la colère de la CFDT, la CFTC et la CGT qui dans un communiqué commun appellent à une grève le 27 juin ainsi qu’à une opération «tous sur site» le 3 juillet. L’intersyndicale dénonce un «la brutalité du mail et les difficultés qu’une telle décision pourrait générer» alors que 75 % des salariés bénéficient du télétravail.
Pour Johanna Delestre, déléguée syndicale nationale à la CFDT Société générale, «les raisons de la grève de vendredi portent autant sur la forme que sur le fond». «On a appris la nouvelle de la même manière que tout le monde, par un simple mail du DG. On est dans une entreprise où normalement, il y a du dialogue social. Là, c’est complètement piétiné», regrette-t-elle.
Sur le fond, la syndicaliste rappelle que «beaucoup de salariés ont pris des postes sur la base de l’accord télétravail qui avait été négocié avec la direction» à la sortie du Covid. Un accord qui permettait d’obtenir deux ou trois jours de télétravail par semaine. «Ils se sont parfois éloignés de la région parisienne pour des raisons privées ou financières. Pour certains aujourd’hui, ils font deux trajets par semaine et ils seraient amenés à le faire quatre fois dans la semaine», souligne Johanna Delestre. De quoi «changer complètement la conciliation vie privée-vie professionnelle».
Les dates des deux actions n’ont pas été choisies par hasard. Celle de ce vendredi tombe en fin du mois, ce qui risque de perturber l’activité de la banque et de bloquer certains flux, comme les virements des salaires. L’opération «tous sur site» du 3 juillet encouragera tous les salariés à se rendre sur leur lieu de travail, dans l’objectif de «démontrer que si tous les salariés viennent le même jour au bureau à Paris, ça sera un sacré bordel», prévoit Johanna Delestre.
L’objectif est de prouver à la direction qu’un retour massif en présentiel n’est pas possible à ce jour. Il n’y aurait en effet plus assez de place pour accueillir tous les employés, selon elle, après que la banque aurait réalisé «23 millions» d’économies sur l’immobilier ces trois dernières années grâce au télétravail, d’après la cédétiste.
Cette opération se déroulera la veille d’une réunion prévue le 4 juillet entre la direction et les organisations syndicales, destinée à entériner officiellement ou non ce changement sur le distanciel. Si leur revendication n’était pas entendue, la représentante du syndicat réformiste menace déjà d’un nouveau mouvement social.