Sabrina Carpenter ne recule devant rien. Ni les critiques, ni les standards de la bienséance pop, encore moins les débats sur le féminisme et le marketing. À deux mois de la sortie de son nouvel album Man’s Best Friend, la chanteuse de 26 ans a dévoilé plusieurs pochette alternatives à celle qui avait enflammé internet. L’originale, où elle apparaissait à quatre pattes, en robe noire et talons hauts, les cheveux tirés par un homme sans visage, avait déclenché une tempête sur les réseaux sociaux. Pour la nouvelle version l’interprète de Espresso pose en robe de soirée, adossée à un partenaire masculin. Une photographie en noir et blanc aux allures vintage révélée sur Instagram accompagnée de la légende : « Voici une nouvelle couverture alternative approuvée par Dieu », avec une once d’ironie revendiquée.
Publiées le 25 juin, ces nouvelles images signées par le photographe Bryce Anderson offrent un contrepoint visuel à la première version. Exit la posture explicitement suggestive. Place à une esthétique rétro et cinématographique référençant une célèbre photo de Marilyn Monroe. Sur une version, Sabrina Carpenter appuie sa tête sur l’épaule d’un homme en costume, regard vers l’horizon. Sur la seconde, elle fixe l’objectif avec une moue mi-surprise, mi-coquette. Des clichés moins sulfureux, mais pas dénués de sous-texte.
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Ce retournement d’image n’est pas anodin. Depuis la révélation de la pochette originale le 11 juin dernier, Sabrina Carpenter est devenue la nouvelle cible d’un débat devenu rituel : jusqu’où les pop stars peuvent-elles aller dans la provocation visuelle sans être accusées de trahir une cause ? Accusée de « glamouriser la domination masculine », de « se dégrader elle-même », ou encore de « réduire les femmes à des animaux », la star n’a jamais directement répondu à ses détracteurs. Mais au détour d’un post X , elle avait déjà laisser filtrer une pique « Girl yes, and it is goooooood » (oui, et c’est si bon), en réponse à un commentaire suggérant qu’elle n’avait pas de personnalité en dehors du sexe.
« Clairement, c’est vous qui êtes obsédés »
Cette posture provocatrice n’est pas nouvelle chez la chanteuse. Sur scène, elle mime des positions sexuelles pendant Juno, dans ses clips elle enchaîne les références aux fantasmes, assassine ses amants, embrasse une féminité aussi libre que théâtralisée. Dans son interview accordée à Rolling Stone, elle évoque la réception de son travail : « “Tout ce qu’elle fait c’est chanter sur le sexe”, disent-ils. Mais ce sont ces chansons que vous avez rendues populaires. Clairement, c’est vous qui êtes obsédés. » La jeune femme assume, elle joue avec les codes, les doubles sens, et n’entend pas demander pardon.
L’album Man’s Best Friend aura en tout cas réussi son premier objectif : faire parler. Et cela avant même sa sortie prévue pour le 29 août. L’ancienne star de Disney signe un retour féroce, depuis son dernier opus Short N’ Sweet qui lui a valu le Grammy du meilleur album vocal pop l’année passée. Le premier single intitulé Manchild est déjà en tête des classements et bien parti pour rythmer notre été. Malgré la polémique, la machine promotionnelle tourne à plein régime. Les différentes versions de l’album sont déjà disponibles en précommande sur son site, avec au choix la pochette originelle ou ses alternatives plus sages. De quoi satisfaire tous les camps du débat, des féministes intransigeantes aux amateurs de pop décadente. Une flexibilité marketing qui, en réalité, ne fait que renforcer son emprise sur le paysage pop actuel. Avec son petit message « approuvé par Dieu », Sabrina Carpenter ne cherche pas à s’excuser. Elle ironise, dédramatise et reprend la main – sans renier ce qui fait sa signature. La provocation reste là, mais diluée dans un écrin glamour et référencé. Elle laisse ses fans choisir leur version de l’histoire, tout en gardant le contrôle du récit.