Une commission allemande recommande d’augmenter progressivement le salaire minimum horaire à 14,60 euros (17,11 $) d’ici 2027, contre 12,82 euros actuellement, selon des propositions émanant d’un groupe nommé par le gouvernement. Ce niveau reste cependant inférieur à l’objectif initialement fixé par la coalition au pouvoir.
La hausse du salaire minimum pourrait compliquer l’embauche pour les entreprises, car l’augmentation des coûts salariaux risque de pousser certaines à supprimer des emplois ou à réduire les heures travaillées. Ce risque est particulièrement élevé pour les petites entreprises et les travailleurs peu qualifiés, ce qui pourrait entraîner une hausse du chômage.
Dans un premier temps, le salaire minimum devrait passer à 13,90 euros au début de l’année 2026.
La proposition de la commission, composée de représentants des employeurs et des syndicats, doit désormais être mise en oeuvre par le ministère du Travail.
La ministre allemande du Travail, Baerbel Bas, a salué cet accord, estimant qu’il « démontre que le partenariat social fonctionne dans notre pays », et a appelé le gouvernement à rendre cette mesure juridiquement contraignante à compter du 1er janvier 2026.
Avec ces changements, la première économie de la zone euro verrait le salaire mensuel des travailleurs à temps plein rémunérés au minimum légal approcher les 2 500 euros d’ici 2027.
L’Allemagne disposerait alors du deuxième salaire minimum le plus élevé de l’Union européenne, derrière le Luxembourg, qui impose un minimum mensuel de 2 638 euros, selon les données d’Eurostat pour 2025.
Trois autres pays de l’UE affichent un salaire minimum national supérieur à 2 000 euros par mois : la Belgique, les Pays-Bas et l’Irlande.
L’accord de coalition signé entre les conservateurs et les sociaux-démocrates (SPD) évoquait la possibilité de porter le salaire minimum à 15 euros de l’heure en 2026, un objectif jugé « atteignable » et soutenu par le SPD lors des négociations. Il apparaît toutefois que ce seuil ne sera pas atteint, même en 2027.
« À long terme, le salaire minimum doit protéger contre la pauvreté et suivre l’évolution générale des salaires », a déclaré Dagmar Schmidt, vice-présidente du groupe parlementaire SPD au Bundestag, saluant la proposition tout en reconnaissant qu’elle restait en deçà des attentes du parti.
Le chômage en hausse
Les propositions de la commission interviennent dans un contexte difficile pour l’Allemagne, après deux années de contraction économique. La faiblesse conjoncturelle commence à peser sur le marché du travail, et le nombre de chômeurs s’approche du seuil des 3 millions pour la première fois en dix ans.
« Après des années de stagnation économique, qui ont déjà laissé des traces visibles sur le marché du travail, il est probable que la période où les hausses du salaire minimum passaient sans effet notable sur l’emploi soit révolue », analyse Hagen Lesch, expert du travail à l’institut économique IW, qui promeut l’économie de marché et la concurrence.
Les entreprises allemandes se montrent de plus en plus prudentes dans leur gestion des effectifs, selon le baromètre de l’emploi de l’institut Ifo publié vendredi, avant l’annonce sur le salaire minimum.
« Malgré une amélioration du climat économique, le marché du travail n’a pas encore amorcé son redressement », souligne Klaus Wohlrabe, responsable des enquêtes à l’Ifo. « Il manque toujours des commandes pour justifier de nouveaux recrutements. »
Les chiffres montrent que le nombre de chômeurs a augmenté de près d’un tiers depuis 2022, notamment dans les métiers d’aide, généralement concernés par le salaire minimum.
« Un salaire minimum à 14,60 euros risque d’aggraver cette tendance et pourrait particulièrement exclure les travailleurs peu qualifiés du marché de l’emploi », alerte Marc S. Tenbieg, président du DMB.
(1 $ = 0,8535 euro)